Théâtre
[Francophonies] « Kok batay » : un conte au souffle puissant

[Francophonies] « Kok batay » : un conte au souffle puissant

02 October 2014 | PAR Geoffrey Nabavian

Sergio Grondin, conteur réunionnais, s’imagine dans la peau d’un fils de boxeur. Pour parler de son enfance à lui, et de ses peurs passées et actuelles. Dans ce spectacle bref, déjà vu au Off d’Avignon, à la Manufacture, son interprétation, entre tendresse et colère pure, est subtilement accompagnée par David Gauchard.

[rating=4]

kok-V-Meigne-31[2]A plusieurs reprises, au cours de la brève heure que dure Kok batay (prononcez « Coq bataille »), Sergio Grondin, seul en scène, sortira de lui-même. Pour conter, par exemple, un combat de boxe, qui fait naître un champion. Ou pour pester, en langue créole, sur le caractère du boxeur dépeint… C’est qu’il incarne le fils de ce dernier. Un fils poursuivi par une mystérieuse « déchirure »… Le texte qu’il signe a du souffle. Les moments de crise impressionnent. Le reste du temps, son interprétation reste mesurée, empreinte de tendresse.

On en vient peu à peu à étudier l’espace composé par David Gauchard : une chaise, entourée d’eau, ainsi que des effets visuels et sonores, destinés à figurer l’emprisonnement de ce réunionnais égaré. Le “combat” doit venir de là : du dialogue souvent houleux entre le conteur et son espace, reforcé par la musique electro signée Kwalud. Parfois, on a l’impression que le ton de Sergio Grondin théâtralise. Ou que la mise en scène souligne trop, et rend le récit artificiel. Il apparaît trop bien huilé… Un instant, on perd l’émotion du conte. Mais un morceau de bravoure, parfaitement relâché, nous la ramène bientôt.

La simplicité des effets de mise en scène permet, la plupart du temps, à Kok batay de rester un conte, de ne rien faire d’autre que raconter une histoire. Sergio Grondin s’étant engagé dans une recherche sur la modernité du conte, on attend ses projets suivants, où David Gauchard continuera à l’assister. Il sait raconter des histoires fortes : on aimerait maintenant que, dans la forme, les effets de théâtre ne soient plus visibles. Comment matérialiser sur scène l’âme réunionnaise ? Donner à imaginer son mystère au spectateur, afin qu’il en vienne à la comprendre ? Difficile de répondre à cette question. Chez nos artistes, la recherche est en cours…

Au festival des Francophonies en Limousin, vous pouvez voir Kok Batay ce soir, à 20h30, au Théâtre Expression 7.

Les dates du spectacle après les Francophonies : le 14 novembre en Belgique, à Liège (La Cité Miroir) ; le 15 novembre à Chevilly-Larue (Théâtre André Malraux) ; le 18 novembre à Pont-Scorff (Le Strapontin, scène des Arts de la Parole). En 2015 : le 3 février à Blanquefort (Le Carré-Les Colonnes) ; le 6 février à Compiègne (Espace Jean Legendre). 

Kok batay, un spectacle écrit et interprété par Sergio Grondin. Mise en scène : David Gauchard. Musique : Kwalud. Lumières : Benoît Brochard. Scénographie : Fabien Teigné. Vidéo et graphisme : David Moreau.

Visuel : © Virginie Meigné

Visuel Une : © L’Unijambiste / Karambolaz

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