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Festival Prémices : Purgatoire à Ingolstadt au Théâtre du Nord, Idéal, Tourcoing

Festival Prémices : Purgatoire à Ingolstadt au Théâtre du Nord, Idéal, Tourcoing

26 May 2013 | PAR Audrey Chaix

Le festival Prémices continue au Théâtre du Nord, Idéal (Tourcoing) avec Purgatoire à Ingolstadt, de Marieluise Fleisser, qui l’écrivit en 1924, à l’âge de 23 ans. Ancienne élève du TNS, Maëlle Poésy a choisi une pièce qui rappelle beaucoup L’Éveil du Printemps de Wedekind : dans une petite communauté de Bavière, profondément imprégnée par la religion catholique, des jeunes gens, à peine sortis de l’adolescence, se débattent avec leurs pulsions et avec l’étouffement d’une petite ville provinciale où tout se sait. Une production où les comédiens, la metteure en scène et l’auteure ont l’âge des personnages. Bonne idée.

Olga est enceinte de Peps, elle ne sait pas comment avorter depuis que la faiseuse d’anges locale a refusé de l’aider. Sa sœur, Clémentine, cantonnée aux corvées de la maison depuis la mort de leur mère, est jalouse de sa beauté et de son succès auprès des garçons, tandis que le frère, Christian, est en admiration devant Olga. Quant à Roelle, jeune homme dégingandé au physique disgrâcieux, il est le bouc émissaire des jeunes d’Ingolstadt, et il est fou amoureux d’Olga. Une belle narration, une histoire racontée avec force et brutalité : l’écriture de Marieluise Fleisser est fascinante, et rien que pour le plaisir de la découvrir, il faut remercier Maëlle Poésy de cette mise en scène.

Mise en scène truffée de belles trouvailles, par ailleurs : le dispositif scénique d’Alban Ho Van, lui aussi sorti du TNS, présente une sorte de cabane à étage, qui permet de dynamiser les déplacements de ces jeunes qui semblent prêts à exploser tellement ils ont besoin de s’exprimer. Inspirée, Maëlle Poésy leur faire pousser des ailes, au sens propre du terme, et ces anges victimes des préjugés liés à la contrainte sociale et à la religion font retenir leur souffle aux spectateurs. Les comédiens, forts de leur jeunesse, sont impressionnants dans leur maîtrise du changement de rôle (ils interprètent les jeunes autant que les parents) et de leur jeu, qui leur permet d’incarner avec justesse leurs personnages. Mention spéciale aux deux pivots de la pièce : Alexandre Pallu est excellent dans le rôle de Roelle, le marginal, et Roxane Cleyet-Merle interprète une magnifique Olga.

Maëlle Poésy a choisi de mettre en scène ce texte de Fleisser parce que sa vision de la jeunesse allemande à une époque de crise lui rappelait la situation de la jeunesse d’aujourd’hui, coincée dans un monde de désillusions et d’espoirs manqués. Si la pièce est peut-être un peu longue (la dernière demi-heure donne un peu la sensation de tourner en rond), elle reste une belle création, qui laisse présager que d’ici quelques années, Maëlle Poésy fera parler d’elle sur la scène théâtrale française. Et après tout, découvrir de nouveaux talents, c’est tout ce que l’on demande au festival Prémices.

Photos : © Julien Piffaut

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