[Biennale des Arts de la Marionnette] Un lancement bien désaxé
Le mardi 9 mai s’ouvrait la Biennale Internationale des Arts de la Marionnette – la BIAM pour les intimes – organisée sous l’égide du Mouffetard. La soirée de lancement a vu deux excellents spectacles présentés à la Maison des Métallos – dont Axe, un pièce déjantée, pas bien marionnettique mais absolument succulente, dans une dimension grinçante et absurde qui lui sied à ravir.
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Ce mardi la Biennale Internationale des Arts de la Marionnette était lancée à la faveur de deux excellents spectacles qui ont régalé les spectateurs venus nombreux pour les apprécier.
Le premier, Rhinocéros, de la Compagnie des Hélices / TMG, évidemment fondée sur la pièce écrite par Ionesco, portée ici sous forme de marionnette portée et de marionnette sur table, a ravi les spectateurs, qui en sont sortis le sourire aux lèvres et les yeux pétillants.
En deuxième partie de soirée, Axe, née de la complicité d’Agnès Limbos, fondatrice de la Compagnie Gare Centrale, et de Thierry Hellin, a porté très haut la poésie de la farce grinçante, burlesque et allégorique. On sent que l’écriture n’a pas été sans convoquer quelque influence des grands génies de l’absurde… on sent passer le spectre de Jarry et de tant d’autres, non pas qu’il y aurait ici une pâle imitation des devanciers, mais plutôt inscription dans une tradition détonante! Une pièce toute en dérision, et entièrement traversée par l’invocation parfaitement tenue de symboles forts. La farce est à la fois grotesque, et, à ce titre, irrésistible, en même temps qu’elle est la – malheureusement – lucide satyre d’une époque complètement déboussolée. Les deux personnages pathétiques se débattent avec eux-mêmes et se chamaillent, mais tout cela apparaît finalement comme étant une course absurde pour jouir – de quoi? – tristement avant que les ombres qui rôdent hors champ ne viennent mettre un terme à cette cavale éperdue vers… rien? On rit, à gorge déployée, mais on ne peut que ressentir, au fond de soi, un frisson à l’idée qu’une partie au moins de notre vérité nous est ainsi renvoyée sans méchanceté, mais sans aucune volonté non plus de jeter un voile pudique sur notre existence de hamsters pris dans la cage d’une société de consommation qui n’a plus guère de boussole. Magnifiquement interprété, terriblement drôle, profond, c’était sans nul doute un très bon choix pour cette première soirée de la BIAM!
Et toute la semaine, en accès libre, à la Maison des Métallos, on peut découvrir l’exposition Théâtre de papier de la si aimable Cécile Briand, qui se fait un plaisir de guider le visiteur dans sa superbe collection de théâtre de papier. A essayer!
Conception et interprétation : Agnès Limbos et Thierry Hellin
Accompagnement artistique et création sonore : Guillaume Istace avec la précieuse collaboration de Nienke Reehorst et Raven Ruëll
Conseil sur le mouvement : Ivan Fatjo
Création lumière : Jean-Jacques Deneumoustier
Création d’objets : Myriam Hornard, artiste plasticienne
Accessoiriste : Ergun Elelçi
Constructions : Val Macé, Michel Van Brussels
Machinerie : Les ateliers du Théâtre de Liège
Direction technique : Thomas Luyckx
Régie : Thomas Luyckx ou Nicolas Thill
Visuels: (C) Alice Piemme