Avignon Off “On ne dit pas de mal des morts” de Israël Horovitz
Myrtille Buttner met en scène la pièce new-yorkaise de Israël Horovitz sur la famille, le couple et le 11 Septembre. L’art du récit du plus francais des auteurs américains fait mouche.
Tout commence par une vidéo. Israel Horovitz raconte son traumatisme post 11 septembre. Il se rêva en le mystérieux-super -papa-anonyme, qui réussit à empêcher l’attentat et qui sera récompensé par les applaudissements de tous, terroristes compris. La vidéo est en anglais, avec le délicieux accent américain. Nous sommes en 2011 à Big Apple, la capitale du monde. Le mur de l’espoir de Saint Vincent recueille les annonces des familles inquiètes et les photos des disparus. Les solidarités se mettent en place dès la première minute après l’effondrement des tours. Une queue de mille personnes venues donner leur sang dans une discipline américaine apparaît.
Les Américains, car ils ont eu des héros savent aborder ce qui chez nous est encore occulté.
Avant l’attentat les vies glissaient as usual. Nous sommes au sein d’une famille banale. Le père la mère et la jeune fille. Sauf que le père est trader au World Trade Center. Sauf que la mère neurasthénique a contracté la maladie d’Alzheimer. Sauf que le père va mourir dans l’attentat le jour où il projetait de “déménager”, de divorcer et partir vivre une autre existence avec sa maîtresse.
La tragédie sexo-sentimentale hollywoodienne est en place. La mère et la fille vont rester au milieu des non-dits, des phrases non terminées. La mère survit en radotant les anecdotes sordides de l’attentat -nous n’inventons pas de telles scènes, elles nous sont imposées- tandis que la fille veut vivre. Ce conflit mère-fille enfante une très belle et émouvante histoire. Et lorsque le spectre du père mort apparaît pour que des discussions se finissent, l’atmosphère devient singulière.
La pièce tient sur ce conflit intergénérationnel et sur la question existentielle : que faire après les attentats? Elle tient en premier lieu sur le texte merveilleux de Horovitz qui conclue : la vie est trop triste pour ne pas être drôle, trop belle pour ne pas la chérir.
Une jolie pièce sombre mais radicalement optimiste.
A noter : Le 22 Juillet, jour de relâche une rencontre avec l’auteur Israel Horovitz est organisée à 11H00 au Théâtre Notre Dame. Entrée libre. Réservation conseillée.
On ne dit pas du mal des morts
de Israël Horovitz
Metteuse en scène : Myrtille Buttner
Interprète(s) : Alexia Chardard, Catherine Desvignes-Bottero, Jack Rogne, Patrick Tulasne
Crédit Photo Robert Hale