Théâtre
[Avignon Off] “Cinq jours en mars” : splendide mise en scène d’un texte inégal

[Avignon Off] “Cinq jours en mars” : splendide mise en scène d’un texte inégal

14 July 2015 | PAR Geoffrey Nabavian

En toute simplicité, Jérôme Wacquiez et ses comédiens composent une mise en scène aux qualités splendides, pour porter le texte de Toshiki Okada. Un texte qui ne séduit que par intermittences. Mais peut-être faut-il lui accorder plusieurs visions…

[rating=4]

Cinq jours en marsActuelle. Cinq jours en mars, la pièce écrite par le metteur en scène Toshiki Okada, apparaît terriblement actuelle. Etrange, comme ses personnages ont tout le temps besoin de préciser : “Je vais vous raconter ce qui s’est passé ce samedi soir-là….” Etrange, comme il est universel, ce texte. D’ailleurs, ici, ses personnages aux noms japonais sont endossés pour la plupart par des comédiens au type européen. Et ça passe. Mais dans la mise en scène de Jérôme Wacquiez, tout est tellement assumé : l’état excité de certains, les cris de douleur qui succèdent à la joie feinte, le jeu dans les gradins… Epaulé par des comédiens magnifiques, notre meneur use d’une masse de procédés, mais évite totalement le superflu.

Parfait, donc ? Eh bien… Le coeur du récit, ce sont les cinq jours passés par un jeune homme et une jeune fille, simplement occupés “à baiser dans un love hotel”. Après s’être rencontrés à un concert. Autour d’eux va défiler une galerie représentative des jeunes japonais nés en 1980 et 95. Et puis, des manifestants : nous sommes en 2003, les Etats-Unis vont partir faire la guerre en Irak. Si chaque histoire existe par elle-même, l’universalité (du texte ? ou de la mise en scène ?) fait parfois tomber la pièce dans le déjà-vu. Le portrait de la fille seule, très très isolée, échoue, malgré le jeu habité de Flora Bourne-Chastel, dans une zone un peu cliché… Et la volonté de rupture avec le monde de Minobe et Yuki, les deux jeunes du love hotel, semble manquer un peu de fond. On n’en apprend pas assez, au final, sur le Japon actuel, et l’arrière-plan de la pièce semble du même coup manquer de consistance. Si on a déjà des connaissances, par contre… Si non, on ne sera pas transportés, malgré le jeu magnifique des comédiens. De l’élancé Christophe Brocheret ou de Florient Jousse, notamment. Mais l’écriture de Toshiki Okada restant ouverte et riche, d’autres pourront y trouver plus de matière pour être touchés. Risquez-vous y sans crainte…


Teaser Cinq jours en mars par compagnieluciole

Cinq jours en mars, de Toshiki Okada. Mise en scène de Jérôme Wacquiez. Avec Charlotte Baglan, Alice Benoit, Flora Bourne-Chastel, Christophe Brocheret, Nicolas Chevrier, Florient Jousse, Makiko Kawai. Durée : 1h20. A 13h30, jusqu’au 26 juillet, au Chapeau d’ébène.

Visuel : © Compagnie des Lucioles

Retrouvez tous les spectacles du Festival dans notre dossier Avignon 2015

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Geoffrey Nabavian
Parallèlement à ses études littéraires : prépa Lettres (hypokhâgne et khâgne) / Master 2 de Littératures françaises à Paris IV-Sorbonne, avec Mention Bien, Geoffrey Nabavian a suivi des formations dans la culture et l’art. Quatre ans de formation de comédien (Conservatoires, Cours Florent, stages avec Célie Pauthe, François Verret, Stanislas Nordey, Sandrine Lanno) ; stage avec Geneviève Dichamp et le Théâtre A. Dumas de Saint-Germain (rédacteur, aide programmation et relations extérieures) ; stage avec la compagnie théâtrale Ultima Chamada (Paris) : assistant mise en scène (Pour un oui ou pour un non, création 2013), chargé de communication et de production internationale. Il a rédigé deux mémoires, l'un sur la violence des spectacles à succès lors des Festivals d'Avignon 2010 à 2012, l'autre sur les adaptations anti-cinématographiques de textes littéraires français tournées par Danièle Huillet et Jean-Marie Straub. Il écrit désormais comme journaliste sur le théâtre contemporain et le cinéma, avec un goût pour faire découvrir des artistes moins connus du grand public. A ce titre, il couvre les festivals de Cannes, d'Avignon, et aussi l'Etrange Festival, les Francophonies en Limousin, l'Arras Film Festival. CONTACT : [email protected] / https://twitter.com/geoffreynabavia

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