Performance
La methode Coué de Roser Montlló Guberna et Brigitte Seth

La methode Coué de Roser Montlló Guberna et Brigitte Seth

17 December 2015 | PAR Amelie Blaustein Niddam

C’est une blague juive connue, et qui a l’avantage d’être brève et qui de plus, offre un parfait résumé de ce que ce spectacle Coûte que coûte signé de Élisabeth Gonçalves, Roser Montlló Guberna et Brigitte Seth raconte. Donc, c’est l’histoire de deux mecs. L’un rencontre l’autre et lui demande : en deux mots, comment vas-tu, l’autre lui répond : ça va. L’un ajoute : et en trois mots ? L’autre répond : ça va pas.

[rating=5]

 

Sur le plateau jonché de partitions bien installées sur leur chevalet, le duo que nous avions laissé en 2011 avec un décevant Change or Die, d’après un texte de Robert Walser revient pour le meilleur. Vu un mois après les attentats de Paris, et dans l’année qui s’est ouverte par les massacres de Charlie et de l’Hyper Cacher ce spectacle apparaît comme un extincteur à la douleur.

Brigitte Seth ouvre ce bal en nous demandant si on va bien. Elle nous informe : on va tous mourir. La nouvelle est bonne en fait, et Roser Montlló Guberna l’affirme : c’est bien la seule chose égalitaire. Tout le monde meurt. Alors, pendant près d’une heure, elles vont essayer d’éteindre les tourments qui les traversent en danse et en mots. Le problème comme disait Wolinski c’est que le pire a de l’avenir et qu’on a beau lutter, courir très vite sur ce plateau plein, la chute arrive. Roser Montlló Guberna va tomber, elle va devoir remonter, revenir du fond. Leur duo fonctionne sur une dynamique circasienne, ici, les visages sont d’une expressivité volontairement surjouée, clownesque. On arrête de rire quand leurs éclats deviennent si faux qu’ils prennent la forme d’un fond noir.

Présenté dans le petit Studio de Chaillot, le texte très rapide de Élisabeth Gonçalves apparait comme un SOS inatteignable. Non ça n’ira pas mieux, jamais. La réponse donnée est simple : courir, danser même quand le corps est trop lourd, agiter l’air autour. Coûte que coûte est pensé comme le prologue d’une pièce à venir ¡ Esmerate ! (Fais de ton mieux !). 

Assumer la peine, chercher les issues de secours, voila un spectacle qui ne fait pas semblant. A voir.

Visuel : ©Brigitte Eymann

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Théatre Gérard Philipe
Comédie saint michel
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