![[Avignon Off] La Fontaine par William Mesguich : sous une forme trop chargée, un point de vue très juste](https://toutelaculture.com/wp-content/uploads/2014/07/Les-Fables-de-La-Fontaine-1024x680.jpg)
[Avignon Off] La Fontaine par William Mesguich : sous une forme trop chargée, un point de vue très juste
Vieux chat aux accents du Parrain joué par Brando, cigale qui chante Dalida… Moderniser les éternelles, et si belles, fables écrites par La Fontaine ? Non : plutôt créer une forme festive capable de les accueillir. Des effets un peu chargés, compensés par une trame générale brillante, un mélange des formes réussi et des interprètes alertes.
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Est-il besoin de le dire ? L’ouverture de ces Fables portées à la scène par William Mesguich, sous la forme d’un spectacle pour jeune public, est excellente. Mesguich lui-même y interprète Jean de la Fontaine, chez lui, appelé au téléphone par Louis XIV. Ses incessants « Votre Majesté » et la manière qu’a le roi de couper promptement la communication font rire : normal, ils contiennent des idées justes, sur le plan historique. Après nous avoir servi la succulente dédicace à Monseigneur le Dauphin, il embauche un technicien (le comédien Arnaud Maillard, en fait) et une ouvreuse (la comédienne Rebecca Stella) pour incarner ses personnages. On aime cette vie incessante, ces décalages.
Puis viennent les fables elles-mêmes. L’avantage du spectacle proposé par William Mesguich est de mélanger les formes : « Le Rat de ville et le rat des champs » ou « Les Animaux malades de la peste » sont mises en scène à l’aide de moyens théâtraux divers, qui les servent. Belle initiative de faire découvrir ces formes à un jeune public. Mais ce faisant, William Mesguich metteur en scène, qui donne une telle forme au récit, cherche également à styliser ses personnages. Ici, le bât blesse un peu. Les figures de La Fontaine prennent des teintes modernes qui les emmènent plus vers le délire que vers la poésie. Deux coqs un peu trop agités, qui vont jusqu’à singer… Star Wars, un lièvre en forme d’homme d’affaires italien… Les références qu’il convoque forment un « essaim » trop compact, qui cache parfois le texte. On préfère ses figures simples, et non-référencées, comme un hérisson tout mignon joué, sur les genoux, par Arnaud Maillard. Elles prennent mieux en charge les mots. Une fois de plus, également, la fin vient trop vite, et apparaît brusque. Satané Avignon !
Il n’en reste pas moins que le corpus est bien composé. Et que, malgré ses références et effets, le spectacle ne tombe pas dans la bouffonnerie gratuite. Il préfère une forme de flamboyance. Mais là où le texte est le plus beau, c’est lorsqu’il est transmis de façon claire, avec une forme entièrement à son service. Chez La Fontaine, comme chez William Mesguich, la poésie la plus belle naît de la sobriété et de la rigueur. Tant mieux.
Retrouvez le dossier Festival d’Avignon 2014 de la rédaction
Visuel : © Théâtre de l’Etreinte