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Avignon OFF 2019 : « Poule mouillée », un spectacle pour oser être soi-même malgré les difficultés de la vie…

Avignon OFF 2019 : « Poule mouillée », un spectacle pour oser être soi-même malgré les difficultés de la vie…

19 July 2019 | PAR Magali Sautreuil

Que l’on soit petit ou grand, il est toujours difficile de se défendre face aux moqueries et au regard des autres. Les brimades quotidiennes étouffent petit à petit notre confiance en nous. Pourtant, il suffit parfois de peu de choses pour puiser en nous le courage nécessaire pour aller de l’avant… C’est ce message d’espoir que nous transmet la pièce jeune public Poule mouillée, présentée dans le cadre du festival off d’Avignon, au théâtre du Centre.

Toute la Culture : « Pourriez-vous nous raconter l’histoire de Poule mouillée ? »

Gustavo Araújo : « Poule mouillée raconte l’histoire de Marco, un petit garçon de huit ans qui, après avoir tourné une publicité pour une marque de bouillon de volaille, va être surnommé par ses camarades de classes « poule mouillée ». Marco est un jeune homme timide, extrêmement vulnérable, qui devient une proie facile pour les harceleurs de son école. Il a du mal à parler des problèmes qu’il rencontre aux adultes, que ce soit à sa famille ou au personnel de son établissement scolaire. Il garde donc tout pour lui. Pour se soulager, il préfère se confier à un sac banane rouge, qu’il a toujours sur lui. Un jour, les deux garçons qui lui rendent la vie impossible balancent, par-dessus le muret de l’école, ce sac, qui atterrit dans un terrain vague. Rassemblant son courage à deux mains, Marco se persuade qu’il n’est pas une poule mouillée et va donc chercher sa sacoche. Une fois de l’autre côté du mur, il arrive dans un monde fantastique, où il va faire plusieurs rencontres. Chaque personnage qu’il trouve sur sa route lui dit la même chose : « Il faut sauver Esplendor du monstre qui la menace. » Esplendor est le nom de l’univers chimérique dans lequel il se trouve. Quant au démon, il n’est autre que sa peur, cette même peur qui détruit peu à peu sa confiance en lui et son enfance. De rencontre en rencontre, il finit par tomber sur ce monstre, qui est incarné par un coq géant. Lors d’un clash de rap, il va l’affronter et vaincre ses peurs. Poule mouillée est donc l’histoire d’un enfant qui, grâce à son imagination, va pouvoir dépasser ses angoisses. »

Toute la Culture : « Pourquoi avez-vous voulu aborder le thème du harcèlement scolaire ? Est-ce un sujet qui vous touche particulièrement ? »

Gustavo Araújo : « Depuis longtemps, la metteuse en scène Élisa Falconi voulait réaliser un spectacle qui aborde le thème du harcèlement scolaire. En tant que professeur de théâtre dans un collège parisien, pour une classe de 4e, ce sujet m’intéressait également. C’est une chose à laquelle je suis confronté dans mon travail. Je n’ai pas de souvenirs de cas particuliers d’harcèlement pendant mon enfance. Mais aujourd’hui, c’est un phénomène qui est amplifié par les réseaux sociaux. Auparavant, l’enfant pouvait y échapper en rentrant chez lui. Désormais, le harcèlement continue même dans la sphère privée et durant son temps de repos. Certains prétendent qu’il existe même des cas dès la maternelle. Le harcèlement brise la confiance en soi. Que ce soit pour un enfant ou pour un adulte, c’est quelque chose de terrible, qui est vécue comme une injustice. On pense parfois à tort que les enfants peuvent régler ce problème entre eux. Mais bien souvent, ils n’ont pas les clés pour y remédier. La seule solution consiste à en parler. C’est pourquoi j’ai trouvé important d’en faire un spectacle. »

Toute la Culture : « Pourquoi avez-vous utilisé l’imaginaire de Marco pour le libérer de ses peurs ? »

Gustavo Araújo : « Quand j’ai commencé à écrire Poule mouillée, je me suis dit qu’il fallait éviter les pièges que le traitement du thème du harcèlement pouvait poser. Je ne voulais pas faire une pièce pédagogique, ni donner des leçons de morale, ni renvoyer une image violente ou trop négative des harceleurs. J’ai donc choisi de centrer le récit sur le personnage de Marco et d’imaginer comment un garçon de huit ans, qui se sent isolé et qui a la sensation de ne pas être apprécié par les autres enfants, parvient à trouver, grâce à son imaginaire et à sa fantaisie, un chemin pour retrouver la confiance en lui. C’est un peu compliqué, mais je me suis demandé comment la réalité nourrissait l’imagination et inversement pour aller de l’avant. Cette pièce est aussi un voyage initiatique, où Marco apprend pour la première fois à surmonter les difficultés de la vie. C’est pour cela j’ai choisi de le faire voyager dans un monde, qui est le fruit de son imagination, qui est elle-même nourrie par la réalité et par des éléments que nous voyons dans la première partie du spectacle. À la fin de la pièce, Marco retourne dans la réalité, transformé, avec des éléments de son imagination qui viennent à leur tour nourrir sa réalité. Grâce à cela, il parvient à dire stop aux garçons qui l’embêtent à l’école. »

Toute la Culture : « Comment, sur scène, distingue-t-on la réalité de la fiction ? Comment avez-vous imaginé le combat de Marco contre ses angoisses ? »

Gustavo Araújo : « La pièce fait des allers-retours entre fiction et réalité. Par exemple, une nuit, Marco fait des cauchemars à cause de la publicité qu’il a tournée, avant de se réveiller dans sa chambre. Puis il va à l’école, bascule dans un monde imaginaire et revient à la réalité, lorsque sa mère et sa sœur le retrouvent dans le terrain vague, avant de retourner à la cantine, lors de la scène finale, où il parvient enfin à se libérer de son poids. Dans le dispositif scénique, nous avons essayé de prendre en compte cela. Nous n’utilisons pas les coulisses. La scénographe, Alix Mercier, a imaginé un carré, posé au sol, qui symbolise un ring. C’est à l’intérieur de celui-ci que Marco va mener son combat contre ses angoisses. À l’extérieur de cette zone de combat, les comédiens sont certes visibles, mais leurs personnages n’existent que lorsqu’ils entrent dans cet espace. Quant au combat de Marco contre ses peurs, je ne voulais pas que ce soit quelque chose de physique, même si nous sommes dans un monde fantastique, mais que cela corresponde à la personnalité et aux difficultés du garçon. Marco aime faire des rimes et du rap. C’est par ce biais qu’il va combattre le monstre d’Esplendor, grâce à une improvisation de rap. C’est donc grâce à la parole que Marco va se libérer des jeunes garçons qui le harcèlent, de ses angoisses et sa vulnérabilité. »

Poule mouillée, pièce jeune public de Gustavo Araújo, mise en scène par Élisa Falconi, présenté dans le cadre du festival off d’Avignon, au théâtre du Centre, du 6 au 28 juillet 2019, à 14 h 50. Relâche les 12, 19 et 26 juillet 2019. Durée : 55 minutes.

Retrouvez l’actualité de la compagnie Petit-Mélo sur son site Internet (ici).

©Visuel : Affiche officielle.

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Magali Sautreuil
Formée à l'École du Louvre, j'éprouve un amour sans bornes pour le patrimoine culturel. Curieuse de nature et véritable "touche-à-tout", je suis une passionnée qui aimerait embrasser toutes les sphères de la connaissance et toutes les facettes de la Culture. Malgré mon hyperactivité, je n'aurais jamais assez d'une vie pour tout connaître, mais je souhaite néanmoins partager mes découvertes avec vous !

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