
Roman Frayssinet est dans un bateau, qu’est-ce qu’il fait : un bon flow !
Dans la cale de la péniche amarrée aux pieds du Pont Alexandre III, Roman Frayssinet prend les commandes pour un seul en scène rythmé et tonique, oscillant entre cocasseries du quotidien et envolées onirico-surréalistes. Un dynamisme et une plume qui conquièrent efficacement un public parisien millennial.
L’humoriste de 24 ans, que l’on connaît à la télé pour ses Dernières Minutes sur Canal +, descend à la cale pour monter sur la scène du Flow. Pas de tabous, il plante le décor d’entrée de jeu en parlant d’un sujet sensible et toujours laissé en suspens : les testicules. Et force est de constater, que Roman Frayssinet, donne l’impression d’en avoir une grosse paire. S’il arrive sur scène presque recroquevillé, ta tête enfoncée dans la capuche de son hoodie, rappelant sous certains aspects l’attitude dégingandé de le tortue (NDLR : surnom de Christophe Willem), il effectue pendant les 65 minutes de son spectacle une véritable métamorphose. Il occupe l’espace, il habite littéralement la scène, au point de créer une sorte de tension quasi sexuelle avec son public, offrant ainsi à tous l’envie de se plonger dans son univers.
Car celui-ci est riche. Issu d’un milieu plutôt favorisé en banlieue parisienne, Roman Frayssinet a fait ses classes au Canada ses armes en première partie de très grands. Ce grand écart transatlantique lui offre un éventail riche et hétéroclite de sources d’inspiration. Signant avec Alors… son troisième spectacle, on ne peut qu’applaudir le courage et l’efficacité du style. Parfois cru dans le phrasé de certaines sorties limite potache, il garde en fil rouge une réelle intelligence dans l’écriture que ce soit dans son approche sociologique que dans les délires de sa pensée foisonnante. D’une engueulade avec un castor à une interrogation métaphysique sur le principe de polarité, on est emmené tambour battant dans la fougue d’une jeunesse, qui frôle parfois l’écueil dans des poncifs surannés.
Oui ! les Parisiens ne sont pas sympas, ça tout le monde le sait, et « fils de pute » ou non, on en a fait le tour. En effet, si le style est résolument personnel et nouveau, certains thèmes vus et revus ont des relents de manque d’inspiration, alors que clairement on sent que Roman Frayssinet en a encore beaucoup sous la capuche. De fait, les plus de trente ans risquent de ressentir quelques moments de solitude avec des « déjà-vus » alors que le reste de la salle est hilare. Mais le rire étant communicatif, on passe une très bonne soirée et surtout on s’incline devant un tel potentiel aussi précoce.
Les jeudis, vendredis et samedis à 20h30
Jusqu’au 29 décembre
Flow – 4 port des Invalides – 75008 Paris
Visuel : Copyright Laura Gilli.