
Guillermo Guiz “a un bon fond” au Point Virgule
“Mon courage, c’est comme mon wok, j’en ai un mais je ne m’en sers pas”. Sous le titre “Guillermo Guiz a un bon fond”, l’homme de la “drôle d’humeur” des vendredis à 11h20 sur France inter propose au Point Virgule un one man show sensible, où il se met en scène sans mâcher ses mots. Un spectacle qui fait salle comble et qui se consomme d’une traite.
[rating=5]
Le spectacle commence sur une note très tendre avec la première partie de Sofiane Ettaï, qui ce soir là, nous raconte comment il a tout fait pour passer pour un super-héros de père avec ses enfants en les emmenant à la fête foraine. Lorsque Guillermo Guiz apparaît, c’est donc face à une salle détendue mais aussi un peu cœur d’artichaut qu’il a à faire. Il pose portable et deux verres d’eau sur une chaise et – parfaitement fidèle au jeu du stand-up américain- il présente sans filets, sans jeux de lumière et sans accessoires un flow de mots de plus de 1h30. En commençant par un sketch un peu connu maintenant que l’ancien journaliste et DA de nightclubs tourne depuis 3 ans : “Mon prénom, c’est Guy”. Un prénom pas glamour et suranné accolé au patronyme flamand Verstraeten!
Après avoir grandi dans le quartier d’Andelecht à Bruxelles, avec un papa pas raciste, mais jovialement cloisonnant et sans maman, il y a de quoi douter parfois de son “bon fond”, titre “de travail” du spectacle. Car s’il est sensible à la manière dont les Français se moquent des Belges (et leur rend bien en se moquant de leur façon de faire la guerre pour en faire des comédies), s’il devient végétarien et s’il boit clairement moins avant de prendre le volant, le belge blanc peut parfois libérer les plus bas instincts lorsqu’il dépasse la dixième vodka : il se met à glisser sa main dans la jupe des filles, à dire la vérité aux flics et à désespérer avec poésie de l’Humanité. Et c’est sans filtre que l’humoriste nous raconte ses premières expériences sexuelles, sa tendresse à la lecture de faits divers mettant en avant des actes de zoophilie ou de castration et sa peut de ne pas “être quelqu’un de bien”.
Tout au long du chemin qui ressemble plus à une ligne continue sur le mode du portrait qu’à une série de sketchs de situation, il s’appuie comme il peu sur la connivence d’un public qui a du mal à tout à fait avouer s’il prend des drogues dures ou même s’il est venu en vélo par -5 degrés. L’audience rit aux mots qui bouillonnent et qui fusent avec un léger accent belge et c’est presque difficile de dire au-revoir à Guillermo Guiz qui a un peu de mal à clore cette parenthèse lumineuse qu’est son stand up. On ne lui en veut pas de cette délicate maladresse finale, tant la nostalgie qui point derrière le bon mot se comprend et s’apprécie…
“Guillermo Guiz a un bon fond”, les mercredis à 21h15 au Point virgule, 13-20 euros.
visuel : affiche du spectacle