
Rehabilitation et récits de vie à Vive le sujet au Festival d’Avignon
Vive le sujet ! Tentatives est le nouveau nom du programme conjoint entre le Festival d’Avignon et la SACD. La série 2 rassemble deux pièces qui ont comme fil conducteur la force du récit, mais par des vecteurs opposés.
La première proposition, Occupation, est signée de Lazaro Benitez. Il nous entraîne dans un trio opaque. Opaque comme de la poussière dans une mine de charbon. Pour l’instant, nous voyons trois corps cachés comme par des burkas. Rien n’est visible, à part de temps en temps la pointe d’un nez ou, comble de l’érotisme, un pied, une main. Mais pas de visages, jamais. Enfin, presque jamais.
On pense à l’Afghanistan, mais la pièce nous invite à nous déplacer jusque dans le territoire de la Guajira en Colombie, où des peuples autochtones luttent contre l’installation du plus grand parc éolien du pays sur leur territoire.
La danse vidée des lignes du corps devient hypnotique et envoûtante. Lazaro Benitez, Astergio?Pinto et Isabel?Villamil en tissus et en pelotes de laine retissent des liens entre les histoires personnelles et les grandes luttes politiques.
La seconde proposition, L’Entente, est un trio entre Clément Gyselinck, Gabriel Legeleux (Superpoze) et Blandine Rinkel. Superpoze, prince génial de l’électro française, apparaît dos aux platines, en jean et chemise jaune. La comédienne est vêtue de même. Clément Gyselinck est absent pour le moment. Nous sommes au théâtre, une histoire est racontée, bien racontée. Quand Blandine commence à nous parler du vieil oncle Louis, on imagine le pire. Elle a 25 ans et doit passer quelques jours en Bretagne. Sa maman lui conseille d’appeler son oncle. Et, au fur à mesure du conte, nos présupposés s’effacent. L’amour perdu s’invite en dialogue avec la mélancolie.
Le trio fonctionne délicieusement. Voir Superpoze jouer en live permet de comprendre la complexité et l’exigence de sa musique. Sans vous en dire trop, sachez que la danse s’invite. Elle se fait foisonnante, vous verrez pourquoi !
Visuel :© Christophe Raynaud de Lage