Miguel Gutierrez : rafraîchissant délire scénique à la Ménagerie de Verre
Le Festival Les Inaccoutumés organisé à la Ménagerie de Verre s’achève le 5 décembre sur la performance du déjanté New-Yorkais Miguel Gutierrez, « Retrospective Exhibitionist ». Spécialisé dans l’ « objet chorégraphique contemporain », le Festival Les Inaccoutumés offre l’occasion de découvrir des artistes conceptuels français et étrangers qui explosent les codes de la performance et de la recherche chorégraphique.
Miguel Gutierrez, artiste pluri-disciplinaire New-Yorkais de 38 ans, a dansé pour divers chorégraphes et chanté entre autres aux côtés d’Antony and the Johnsons, mais c’est en solo qu’il présente son univers débridé aux quatre coins du globe. Arts visuels, sons, chant, théâtre et chorégraphie se rencontrent dans « Retrospective Exhibitionist », pièce inclassable largement autobiographique sur son parcours de danseur.

Il entre sur scène uniquement vêtu de baskets rouges et d’une casquette verte coiffant sa perruque blonde, installe son matériel audio-visuel les fesses à l’air, sur une tonitruante chanson de U2. Un rapport de décomplexion, d’humour et de gravité s’installe immédiatement avec le public. Puis, par tous les modes d’expression dont il dispose, son corps omniprésent dévoilé sous ses moindres coutures, sa voix parlant, chantant ou hurlant, les accessoires ou les films de ses premiers spectacles amateurs à l’époque où le justaucorps en lycra brillant était encore à la mode, Miguel Gutierrez nous fait pénétrer dans sa vie, son histoire, anecdote après anecdote, saynète après saynète.
Le voyage peut être déroutant, choquant, inattendu, mais l’efficacité du performeur est indéniable. Le challenge et la curiosité deviennent jouissifs : que nous réserve encore ce type que rien ne semble déranger ? L’exhibitionnisme de Gutierrez devient peu à peu cathartique : assumer son corps, chanter à tue-tête, hurler, se montrer sans pudeur, autant de tabous dont chaque individu rêve secrètement de s’affranchir. L’effet de cette explosion des carcans de la bienséance s’avérera étonnamment thérapeutique et reposante, telle une expiation de tous les codes et les dictatures que l’on a si bien intégrés qu’ils nous étouffent malgré nous au quotidien. Douche froide, réveil brutal, « Retrospective Exhibitionist » parle du temps qui passe et de ses conséquences sur le corps du danseur, mais se ressent comme un hymne à la libération, une revendication du droit à marcher à contre-courant.
Au milieu d’une mise en scène volubile et mouvante où la moindre manipulation d’accessoire est chorégraphiée avec précision, se loge une longue scène d’immobilité, perle du spectacle. Miguel Gutierrez se tient en pont, fesses nues au-dessus d’une bougie. Il entonne d’une voix de castra « Wuthering Heights » de Kate Bush. Tandis qu’il soutient cette inconfortable position, défilent des régisseurs qui rapprochent la bougie de son postérieur en la surélevant avec des livres. Quand la chanson s’achève et que le dernier livre, « Butt Book » est posé, le danseur éteint la bougie avec ses fesses. Cul-te.
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«Retrospective Exhibitionist » de Miguel Gutierrez – Du 3 au 5 décembre à 20h30 dans le cadre du Festival Les Inaccoutumés – Ménagerie de Verre, 12-14 rue Léchevin, Paris 11ème – Métro Parmentier