
“Les applaudissements ne se mangent pas”, une histoire de la violence par Maguy Marin
Maguy Marin est de retour à l’Opéra Garnier 29 ans après Leçons de ténèbres. Et les permanences avec Les applaudissements ne se mangent pas ne s’arrêtent pas à une question de lieu. Oppressant autant que fascinant, ce spectacle a fait hier son entrée au répertoire de l’Opéra : une circulation hypnotique et anxiogène au cœur de l’histoire des dictatures sud-américaines.
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Le décor est un enfermement, un huis clos fait de bandeaux de plastique colorés. Le titre fait sourire : Les applaudissements ne se mangent pas. Il est tiré d’un recueil, Ser como ellos y otros articulos de Eduardo Galeano.
Les pièces de Maguy Marin sont résolument politiques, et la danse “engagée” n’est pas une affaire courante. Dans ce décor extrêmement coloré dont ne se dégage aucune légèreté, la musique de Denis Mariotte, circulaire, mécanique, militaire apparaît comme une chape de plomb. La danse jaillit comme une marche. Ils sont huit, habillés urbains. Ils dansent comme des métronomes branchés Prestissimo. La technique est ici admirable. Les circulations imposent des pas de deux, des portés, des courses effrénées. Comme dans Umwelt créé l’année suivante en 2003, il y ces idées de jeux de cache-cache ici fort sombres.
La pièce est figurative. On y voit des exécutions, des mises en prisons, des rassemblements secrets, des sculptures monumentales. On voit aussi des corps en boule qui jaillissent sur scène comme des balles. Maguy Marin arrive à nous projeter totalement au cœur des guerres civiles et des dictatures sud-américaines. Le plateau est ici un carcan dont on entrevoit les sorties possibles mais sans aucun espoir. Les lanières du rideau qui définit l’espace claquent comme des coups de fouet quand les danseurs le traversent.
Les applaudissements ne se mangent pas est une pièce de résistance qui appelle au combat, quelque soit le prix à payer.
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