
faUST : notre jour de jouir est arrivé
Issu d’un combo Krautrock du début des années 70, les agités de faUST oscillent entre musique organique et délire électronique. Underground, comme on disait avant …
Et Faust devint faUSt … la formation d’origine allemande est aujourd’hui rangée du côté des formations cultes pour avoir façonné les premiers soubassements de cette krautmusic considérée comme une branche dure de la musique progressive c’est-à-dire répétitive et bruyante, inspirée par la musique contemporaine dont l’Allemagne est justement une avant-garde. Il y a donc un peu de King Crimson et de Frank Zappa dans les premiers albums de Faust, il y a également beaucoup d’humour dada et une expérimentation tout azimut.
Le groupe évidemment finit par se dissoudre sans que l’on sache trop comment, pour renaître de ses cendres au début des années 90 avec Werner Zappi Dirmeier et Jean-Hervé Peron. Les deux compères poursuivent aujourd’hui l’aventure après avoir trouvé dans la musique no-wave de Sonic Youth notamment une ouverture vers une évolution plus rock, marquée par la musique industrielle et la scène EBM (electric Body music). On pourrait également citer Ulan Bator et Richard Pinhas que l’on retrouve sur leur label hambourgeois Bureau B qui produit ces zombies 70’. Le duo enregistrera notamment en 2014 avant de créer ce nouvel album “Fresh air” qu’il faudra prendre le temps d’écouter afin de pouvoir pleinement l’apprécier.
Malheureusement, on ne verra pas le groupe en France (sinon au R.I.O festival de Carmaux le 15 septembre) et c’est bien dommage car toute l’énergie de l’album, enregistré au fil d’un parcours de 28 jours aux Etats-Unis est un condensé rock, chauffé à ce que l’on pourrait appeler de la “musique expérimentale” et accompagnée de textes drôles et mystérieux, souvent chantée en français qui dénotent totalement avec ce que l’on peut entendre aujourd’hui, même si on sent bien à chaque morceau en quoi cette musique est liée avec son passé (le très Gong “Birds of Texas”).
On conseille l’agité “Lights Ficker”, voix lancée en pleine descente vers l’enfer sous tension électrique et guidée par un saxo fou ou, encore, l’étrange et très punk “Poulie” où le mode d’emploi du chef d’atelier devient chant décalé et nerveux qui nous renvoie au style des petits frères musicaux d’aujourd’hui, Mendelsohn et Michel Cloup. Fresh air comme son nom l’indique ouvre grandes les fenêtres sur l’horizon, c’est un disque à l’ancienne mais pas ancien et donc pas du tout démodé qui se pique même d’un moment politico-gainsbourien avec son “Chlorophyl” qui promet des jours meilleurs aux “enfants de l’anarchie” pour qui “le jour de jouir est arrivée” Il était temps !
Fresh air, Bureau B, disponible 5 mai