Pop / Rock
Cigarettes after sex, pour que l’amour ne parte pas en fumée.  [Interview]

Cigarettes after sex, pour que l’amour ne parte pas en fumée. [Interview]

17 May 2017 | PAR Eva Blanca Soto

Cinq ans après avoir posté ses premiers morceaux sur Internet, Greg Gonzalez et son groupe sortent leur 1er album, des chansons qui consolent en fixant dans le présent les souvenirs d’amour passés.

En 2012, lorsque Greg Gonzalez poste « Nothings gonna hurt you » sur Youtube… Il est seul, dans son lit. Pour ce seul morceau, il en est à plus de 54 millions de vues aujourd’hui.

Ce jour-là, chaque seconde, son téléphone vibre au rythme des likes qui s’enchaînent. Alors pourquoi reste-t-il tout le week-end enfermé chez lui, avant d’oser en parler finalement à ses parents ? « Je voulais juste être certain que c’était vrai » répond-il. A ceux qui ont la sensation d’en être une, les témoignages d’amour sonnent toujours comme une imposture. Les dévoiler, c’est prendre le risque de les perdre, tout ce que dit Greg Gonzalez n’en n’est que plus précieux, et revêt l’apparence d’une confidence. Autour du guéridon d’un hôtel cosy à Paris, cette rencontre avec le leader de « Cigarettes After Sex » est organisée à l’occasion de la sortie de son 1er album.

Tout a commencé quand il était encore étudiant dans les couloirs de son université. Le bruit d’un écho dans une cage d’escalier évoque celui de « You’ve lost that loving feeling » des Righteous Brothers. A partir de ces effets empruntés au mythique producteur Phil Spector, il trace le sillon de ses ballades sombres, parfois ritournelles qui perdent en légèreté ce qu’elles gagnent en fatalisme. Mais cette nostalgie ne dépasse jamais la frontière de la mélancolie. Comment ne pas penser à Hope Sandoval, du groupe Mazzy Star en l’écoutant ? « Même quand les histoires d’amour font souffrir, au final, je suis toujours heureux d’avoir aimé », Greg Gonzalez se fait midinette à contre-emploi, il sourit à l’idée d’avoir pu faire croire qu’il était une fille, « si j’avais été une chanteuse, j’aurais aimé être François Hardy ». Il le reconnaît, il préfère les voix de femmes. Cette ambiguïté, il l’entretient sous forme de mystère. Sur son compte YouTube, aucun clip, seulement des visuels, une main, une plume, de la fumée ou une femme qui laisse apparaître la naissance de ses seins la tête penchée en arrière. Il n’impose rien par la force du raisonnement, juste par la suggestion.

Son premier album ne déroge pas à cette règle, sur la pochette, le nom de son groupe émerge en blanc d’un fond noir « Cigarettes after Sex ». Greg Gonzalez y a travaillé avec l’exigence permanente de conserver cette atmosphère trouble, sans qu’une seule de ses compositions ne s’éloigne de cette ligne directrice. Une rigueur qui n’est pas juste affaire de forme, dans les périodes difficiles de sa vie, écrire lui a permis de rester debout. Il souhaite qu’il en soit de même pour ceux qui l’écoutent aujourd’hui, à l’image de « John Wayne », morceau composé pour donner de la force un ami en plein chagrin d’amour. Au final, cela n’a pas empêché « Cigarettes after Sex » d’enregistrer cet album en 3 jours seulement, « il ne faut pas perdre de vue la spontanéité, elle provoque une étincelle, c’est aussi un moyen de lutter contre ce trac qui se manifeste par un trop plein de perfectionnisme » explique Greg Gonzalez. Peur de ne pas être à la hauteur, repousser au maximum le moment d’être confronté au regard de l’autre, pour finir par s’y résoudre en comptant sur l’urgence pour ne plus y penser… Cinq ans se sont écoulés entre ses premiers succès sur le net, et cet opus composé de 10 titres. Des odes à ces amours qui nous hantent, jusqu’à parfois nous rassurer grâce aux sensations qu’il en reste, et qui ne meurent jamais vraiment.

Cigarettes After Sex, sortie le 9 juin chez Partisans-Pias Records

Visuel : ©CAS-Shervin.

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