
Voyage dans la Rome de 1700 avec les Accents et Bruno de Sá à la Salle Gaveau
Ce mercredi 20 mai, la reprise des concerts Salle Gaveau nous a fait voyager dans la Rome de 1700 avec les Accents dirigés par Thibault Noally et le sopraniste brésilien Bruno de Sá. Un concert flamboyant, avec un programme cohérent et un soliste star tout à fait solaire.
Un programme cohérent et maîtrisé
Les Accents dirigés par le violoniste Thibault Noally nous ont donc concocté un programme tout à fait cohérent et très généreux pour cette reprise des activités à la Salle Gaveau. Dans la Rome de 1700, la papauté interdisant l’opéra et les femmes pour aborder le sacré. Si bien que la forme phare est l’oratorio et que l’ère est celle du triomphe des castrats. Tout ceci n’empêche pas l’opulence et les ors baroques de rayonner. Avec une joie non dissimulée (“Thank god”! a soupiré Bruno de Sá) les musiciens ont présenté au public un programme très riche où plages chantées et instrumentales se sont succédées dans un répertoire où Scarlatti figurait aux côtés de Caldara, Lanciani et Haendel… Flamboyant en rose fuchsia et bleu, le superbe Bruno de Sá nous a électrisés dès le première œuvre, le “Cantantibus organis” de Scarlatti, où l’intensité et la clarté parfaite de son timbre nous ont tout de suite saisis. Après une Sinfonia (toujours de Scarlatti) plus lancinante sur la Vierge éplorée, le Gloria pour soprano et cordes était un moment de grâce.
De Scarlatti à Caldara
Retour à Scarlatti avec une quartette voluptueuse le “Sommo Dio” très habité de La Santissima Annunziata . Puis nous avons plongé dans Caldara et la colère aigüe de “Ahi quanto cieca… Come foco alla sua sfera” du Martirio di Santa Caterina.
Colère aiguë avant de passer chez le même compositeur vers la douceur intense du “Miro che il fiumicello” de Santa Francesca Romana. Toujours chez Caldara, c’est dans “Numi offesi di furor” que Bruno de Sá finit de nous impressionner par sa maîtrise et la puissance de sa voix. L’éclat final retentit comme un triomphe. Moment plus sombre avec la Sonata en Do mineur de Scarlatti, et puis nous découvrons Lanciani avec le morceau final “Ch’io tradisca lo sposo…. Sdegnato mio cor” de Il Martirio di Sant’ Eustachio. Suivre la maîtrise parfaite des Accents et se laisser emporter dans la Rome de 1700 était un immense cadeau. Et entendre et voir pour la première fois l’impressionnant et irrésistible Bruno de Sá, qui danse quand il ne chante pas et traverse la scène avec la vivacité d’un papillon était une véritable fête. Merci!
visuel : (c) YH