
Maurice André : le trompettiste virtuose s’en est allé
Alors que le monde de la musique classique célébrait il y a quelques jours les jeunes talents aux victoires de la musique, le voici aujourd’hui endeuillé par la perte d’un des plus grands musiciens de sa génération, Maurice André.
Maurice André, trompettiste de renommée internationale, s’est éteint à Bayonne dans la nuit de samedi à Dimanche à l’âge de 78 ans. Initié par son père passionné de musique classique alors qu’il était adolescent, il apprend le solfège et les bases de cet instrument en descendant dans les mines des Cévennes où il travaillait. Particulièrement doué, il intégrera rapidement le Conservatoire de Paris, à l’âge de 18 ans, première étape d’une carrière marquée de prix et de récompenses. C’est notamment après avoir obtenu le premier prix du concours international d’exécution musicale de Genève en 1955 que sa carrière prendra un tour international, jouant sur les plus grandes et prestigieuses scènes et enregistrant avec les plus grands chefs d’orchestre comme Riccardo Muti ou encore Léonard Bernstein. Herbert von Karajan disait d’ailleurs de lui qu’il n’est pas de notre monde tant il était doué.
Célébré notamment pour sa délicatesse, sa douceur, autant que pour sa virtuosité, son aisance et son souffle inépuisable, il a œuvré tout au long de sa carrière pour rendre à cet instrument qu’il chérissait tant, ses lettres de noblesses, faire oublier son aspect militaire et l’amener à être plus populaire. Il participera d’ailleurs à de nombreuses émissions de télévision, le grand échiquier mais aussi l’école des fans, toujours soucieux de partager son amour pour la musique classique et de la rendre accessible à tous. Introduisant la trompette piccolo pour le répertoire baroque, revisitant de nombreuses partitions, il incitera différents compositeurs contemporains comme André Jolivet ou encore Henri Tomasi, à écrire pour son instrument. Humble, généreux et passionné, il enseignera au Conservatoire de Paris où il formera plus d’une centaine de trompettistes, parmi lesquels Bernard Soustrot, Guy Touvron, ou encore Éric Aubier. Au cours de sa carrière il aura enregistré plus de 250 disques de répertoires variés, certains devenus même disques d’or et de platine, un fait assez rare dans la musique classique et instrumentale, preuve qu’il avait su avec sa trompette repousser toutes les frontières. La musique classique perd donc une figure légendaire, reconnu tant par son talent que pour ses qualités humaines extraordinaires.