
“L’école du mystère” Philippe Sollers épicurien & catholique
Avec une légèreté érudite, Philippe Sollers continue à dresser son propre portrait. Entre portraits chinois de femmes et citations de livres, L’école du mystère creuse le sillon catholique revendiqué depuis longtemps par Sollers et qui se transforme ici en étendard. Épars et agréable.
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“Aussi loin que je me souvienne, j’a toujours voulu célébrer la messe.” Dès la première phrase tout est dit : le fond, le désir de retour à une pureté originelle de l’enfance et des premiers chrétiens, mais aussi la forme, pastiche un peu bancal et ampoulé de Proust. Mêlant trois influences spirituelles (Lucrèce, le zen mais surtout l’Eglise), deux femmes (une Fanny amante trop contemporaine pour sortir du matérialisme et une sœur Manon jouant courageusement avec l’interdit) et toute une kyrielle de références littéraires et artistiques, Sollers parle de ce qu’il connaît le mieux : lui.
Mais à mesure qu’il ronchonne sur ce que le monde est entrain de devenir, sa manie de se cacher avec des maîtresses dans des palais vénitiens perd en capital sympathie ou du moins de son intérêt. On a même parfois un peu envie de jouer sa Fanny et de reprendre son Ipad pour se pencher sur des enjeux sociaux politiques et culturels plus vastes que le catholicisme délicieusement décadent d’un self-made man repenti.
Philipp Sollers, L’école du mystère, Gallimard, collection blanche, 160 p., Sortie le 29 janvier 2015.
visuel : couverture du livre.