
« Le fléau de Dieu », d’Andrea H. Japp : la peste (trop) courtoise
Ce roman précis et étayé historiquement nous plonge dans un XIVe siècle déjà déchiré par les intrigues et le conflit avec les Anglais (qu’on n’appelait pas encore « guerre de cent ans »). Autour de personnages bien construits quoiqu’un peu désincarnés, le récit progresse en même temps qu’une épidémie de peste, révélant travers enfouis et lâchetés masquées. L’ensemble est honnête et bien mené, mais la mayonnaise ne prend pas totalement.
[rating=3]
Les premiers chapitres du livre posent la trame du récit en même temps qu’ils font le tableau de l’époque. En multipliant les catégories de personnages (abbé cupide, noble désargenté, négociant sans scrupules, marins roublards) et les lieux, l’auteure nous plonge efficacement dans un XIVe siècle agité. L’arrivée, d’abord sournoise puis terrifiante, de la peste rebat les cartes, entrechoquant des destins a priori indépendants et révélant de terribles secrets.
Bien bâtie et efficace dans son déroulement, l’intrigue se déroule cependant de manière un peu trop mécanique pour captiver totalement le lecteur. Même l’introduction d’un énigmatique dyptique ne parvient pas à recréer une atmosphère envoûtante à la Umberto Eco dans « Le nom de la rose ».
De même, on peine à faire entièrement corps avec des personnages qui laissent une certaine impression de distance. Difficile donc d’être entièrement emporté par les drames et les trahisons qui les accablent.
Andrea Japp propose un tableau précis et bien construit de cette période troublée. Dommage qu’il manque un soupçon de rythme et d’incarnation pour entraîner tout à fait le lecteur dans ce qui aurait pu être le début d’une saga haletante.
Andrea H. Japp, Le fléau de Dieu : Volume 1, La Malédiction De Gabrielle, Flammarion, Octobre 2015. 400 pages. 21€
© visuel: couverture du livre