
Avec “Casimir”, Arnaud Berreby signe un premier roman pas pour les enfants
Grâce à l’inventeur de YouTube, tout le monde connaît Casimir, l‘obèse orange qui traînait au milieu des gosses dans les seventies. C’est aussi et surtout le nom du roman singulier et au style très San-Antonio que signe Arnaud Berreby aux éditions Cédalion.
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Casimir, c’est l’histoire d’un garçon qui, a 14 ans, s’est trompé de date, bien aidé par un pote connard lui annonçant que mardi gras c’était ce mardi, et lui suggérant de se déguiser en Casimir, celui de l’île aux enfants. Et Casimir, l’ado, s’est exécuté. Une fois ce trauma jamais digéré comment s’attendre à autre chose qu’une vie de merde ?
Arnaud Berreby nous offre un roman électrique rythmé aux sons des pop songs devenues des monuments nationaux… Queen, Bowie, mais aussi Joe Dassin ou Nicoletta sont les invités de cette playlist littéraire où l’on a envie de voir chaque texte mis en musique .
Chaque texte oui, car si sur le fond Casimir est un roman, dans son attitude, il prend la forme d’une après-midi bien pluvieuse à regarder MCM avant le passage à l’an 2000. Et comme Arnaud Berreby écrit au XXIe siècle, il envoie des punchlines : Une vielle ça se lève tôt parce que ça cogite au passé. Dans ces phrases courtes, ciselées, la déchéance humaine est partout. Un gigolo, un raciste, quelques électeurs FN. Tout va mal et c’est ça qui est Bien.
L’auteur ose des hybridations fertiles entre clips et théâtre. On change de point de vue souvent et tout est permis : faire parler des objets, une ville, des fantômes bibliques.. C’est génial car c’est ultra libre.
Extrait :
“(…)
Cogne-moi
Lacère-moi
Contorsionne mon âme, elle est élastique.
Bleuis ma peau imberbe de visage pâle.
Tue-moi.
Ressuscite-moi enfin.
Console-moi ensuite
Serre-moi jusqu’à m’étouffer afin que je me dilue en toi.
Dis-moi que tu m’aimes
Je n’y ai jamais eu droit.
Dieu est mort
(…)
Arnaud Berreby, Casimir, éditions Cédalion, 17 euros.