
“Sur la bouche”, Rebecca Benhamou fait une histoire parallèle du rouge à lèvre et du féminisme
Nous l’avions laissée avec son beau livre personnel sur la sculptrice Chana Orloff, revoici Rebecca Benhamou dans nos librairies avec un petit ouvrage documenté qui trace (en couleur rouge bien sûr) un lien entre lipstick et mouvement pour l’émancipation des femmes.
Le rouge à lèvres à travers l’histoire
Tout commence dans le Paris de la Belle Epoque, le rouge à lèvre quitte la bouche des actrices, dont la Nana de Zola, pour entrer doucement dans les rayonnages du Bon Marché, et tout se poursuit avec quelques pionnières américaines du type Elizabeth Arden ou Helena Rubinstein. Rebecca Benhamou montre que pendant les guerres le rouge à lèvres peut aussi bien être un étendard patriotique que celui de l’émancipation des femmes, de plus en plus nécessaire. Mais les après-guerre peuvent déchanter avec backlashs et retours intimés à la pudeur…
Un essai documenté
Données économiques et considérations sur la mode se confrontent dans ce petit ouvrage documenté sans verser tout à fait dans l’historique. On apprend plein de choses avec un œil très aguerri sur l’industrie du maquillage, notamment aux Etats-Unis. Le pari audacieux de tracer un fil “rouge” interprétatif entre féminisme et maquillage est osé. On aimerait du coup en savoir plus sur aujourd’hui où l’objet doit certainement diviser, y compris celles à qui il a fortement manqué sous le masque… On reste délicatement sur sa faim, mais peut-être pour mieux faire rouler le tube et en remettre ?
Rebecca Benhamou, Sur la bouche, Une histoire insolente du rouge à lèvres, Premiers Parallèles, 180 p, sortie le 10 novembre 2021, 16 euros.
Visuel : couverture du livre