
Christine Ulivucci, “Ces photos qui nous parlent, une relecture de la mémoire familiale”
Christine Ulivucci exerce la psychothérapie analytique et transgénérationnelle à Paris, où elle a fondé un atelier de recherche dans ce domaine. Elle publie aujourd’hui Ces photos qui nous parlent, une relecture de la mémoire familiale
L’IMAGE EST UNE PASSANTE
La photographie constitue un indicateur précieux de ce qui se joue dans notre vie, et nous aide à élaborer des événements difficilement assimilables.
L’image intègre une trace mémorielle et la perpétue de génération en génération.
Les clichés post mortem relèvent notamment de ce besoin de préserver jusqu’au bout une image tangible de ce qui est déjà passé dans l’invisible.
DES PHOTOS EN HERITAGE
L’épreuve photographique que chaque famille possède ou pas est rangée dans divers lieux, comme des tiroirs, ou des cartons,
Parfois le rangement est lié , à l’intime, et la photo est conservée dans un portefeuille.
Tous ces détails montrent, l’influence ou pas, de ces souvenirs familiaux.
Il est essentiel de savoir comment chacun classe les instantanés de son histoire.
L’assemblage et sa chronologie donnent un sens et une unité à l’histoire familiale.
Certaines familles souffrent d’une pénurie de souvenirs photographiques, et pour d’autres c’est le trop plein.
Aujourd’hui, le numérique a bouleversé, cette mémoire papier.
Il y a abondance de photos, voir trop de photographies.
Certains ont cependant encore recours au scrapbooking (collage personnalisé), c’est-à-dire à une matière palpable comme le papier ou le carton, qui pourra se transmettre.
PORTRAITS INDIVIDUELS ET IMAGES DE SOI
Dans un travail thérapeutique sur l’image de soi, on prend donc appui sur les photos conservées pour les analyser, les mettre en connexion, les réévaluer, désamorcer l’impact négatif de certaines, affirmer la valeur positive d’autres.
La photographie est parlante.
Car chaque cliché donne à voir de soi, la réussite sociale par exemple, avec une photographie de la maison, ou au contraire on ne retrouve que des images neutres prises chez un photographe.
Souvent la maison est utilisée comme le théâtre de la représentation familiale.
L’auteur aurait pu également étendre son étude aux cartes postales qui témoignent aussi d’un passé familial.
On retrouve de vieux albums de cartes postales, qui restituent aussi des vies.
Cependant elles sont moins parlantes, que les photos
Christine Ulivucci connait bien ses gammes, elle cite Roland Barthes, et Serge Tisseron entre autres à de nombreuses reprises.
Comme a indiqué André Malraux(les voix du silence p300) « dès son origine, la photographie est face à des problèmes de style et de la représentation ».
Christine Ulivucci, ces photos qui nous parlent, une relecture de la mémoire familiale, éditions Payot rivages, avril, 2014 230 pages, 19,50 euros.