
“Après le libéralisme?”, petit vademecum du libéralisme par John Dewey
Conférence importante du pragmatiste John Dewey prononcée dans l’Amérique des années 1930 “Après le libéralisme?” dresse un portrait de ce courant politique qui éclaire des enjeux valables jusqu’à aujourd’hui, même en l’absence de l’adversaire marxiste. En librairies aux éditions Climats.
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Philosophe américain formé à la fin du 19ème siècle, figure tutélaire du pragmatisme avec William James et Charles S Pierce, grand pédagogue et signataire du “Premier manifeste humaniste” (1933), John Dewey connaît un fort regain d’intérêt chez les théoriciens et historiens du politique. Conservateur converti par sa femme à certaines idées nouvelles, adepte d’un libéralisme social, il se pourrait bien qu’à l’égal d’un Benjamin Constant ou d’un Isiaiah Berlin, Dewey (re)devienne un incontournable de la pensée libérale. Il était donc intéressant de revenir à son livre le plus “accessible” sur le sujet : une conférence de 1935.
Fougueux, le texte dresse une véritable épopée du Libéralisme en trois étapes : sa glorieuse naissance et sa croissance où il fait la part belle à Smith et Stuart-Mill, la crise actuelle qu’il analyse à la Max Weber, comme le fruit d’une abstraction croissante et un manque de valeur communes, et finalement il suggère qu’une certaine vision de la liberté peut renaître de ses cendres. “Doctrine fade et sans couleurs” (p. 121) au moment où il écrit, il doit renaître et faire face au communisme et au fascisme en embrassant l’idéal démocratique et en allant voir, pour la substance, du côté de l’égalité. Un plaidoyer social-démocrate convainquant, qui conserve tout son sens aujourd’hui.
John Dewey, Après le libéralisme ? Ses impasses, son avenir, (trad.) Nathalie Ferron, (intro.) Guillaume Garreta, 156 pages, Climats/Flammarion, 16 euros. Sortie le 15 janvier 2014.
visuel : couverture du livre