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Astérix chez les Belges, une exposition à la découverte des Gaulois du Nord

Astérix chez les Belges, une exposition à la découverte des Gaulois du Nord

06 June 2017 | PAR Laetitia Larralde

Le 1er juin l’exposition Astérix chez les Belges a ouvert au Centre Belge de la Bande Dessinée de Bruxelles. Une exposition ludique et familiale, en attendant le nouvel album à l’automne.

2017 est l’année de plusieurs anniversaires pour les créateurs d’Astérix : les 90 ans d’Uderzo et les 40 ans de la disparition de Goscinny. C’est en 1951 que Les deux auteurs français se rencontrent en Belgique et entament une collaboration fructueuse. Né en 1959 dans leur magazine Pilote, Astérix voyage en Gaule et en Europe, à la rencontre de peuplades au caractère toujours marqué, donnant l’occasion de rire des stéréotypes culturels. Les auteurs dressent un portrait à la fois tendre et humoristique de chaque communauté en jouant sur les us et coutumes, la langue, les costumes, la géographie, ou les noms des personnages.

Après avoir fait apparaître régulièrement des personnages belges dans leurs albums, Uderzo et Goscinny décident d’emmener Astérix et Obélix en Belgique, dans ce qui sera leur dernière bande dessinée commune suite au décès prématuré de Goscinny, Astérix chez les Belges. Leur affection pour le pays a produit un récit avec une finesse d’analyse et de représentation de la culture belge un cran au-dessus des précédentes aventures.

Le CBBD a décidé de rendre hommage aux deux auteurs qui ont eux-mêmes rendu hommage à la Belgique, en décortiquant un album riche d’observations, de références et d’humour. C’est en prenant le parti de ne pas présenter les planches originales, conservées à la BNF, que Mélanie Andrieu et Jean Auquier, les deux commissaires, ont composé leur exposition. Outre les raisons pratiques comme la protection des originaux de la lumière, l’utilisation des fac-similés (de grande qualité) se justifie par une réflexion sur la bande dessinée actuelle. En effet, à l’époque les planches originales n’avaient que peu de valeur, alors qu’aujourd’hui, à l’heure de la création numérique, elles deviennent paradoxalement des objets de collection. La planche définitive, telle que publiée dans l’album, est souvent le fruit d’un assemblage numérique du dessin, du texte et de la couleur. Mais c’est bien là la définition d’une bande dessinée : la réunion d’un texte et d’un dessin dans un album. L’absence des originaux recentre l’exposition sur le contenu du récit et à quel point la qualité du dessin et du scénario s’accordent à merveille.

Plusieurs thèmes de l’album sont abordés et illustrés par des maquettes, des fac-similés, des bandes-son, ou des jeux interactifs : par exemple le problème toujours épineux de la cohabitation du français et du flamand est traité par le biais d’un banquet, et les belgicismes émaillent joyeusement les dialogues, tandis que les spécialités culinaires comme les frites, le waterzooï et la bière colonisent toutes les pages. Une galerie de célébrités belges vient compléter le récit, tel qu’Eddy Merckx en coursier express, Annie Cordy sous les traits de la femme du chef du village, Dupont et Dupond les policiers de Tintin, Jacques Brel avec ses paroles du Plat pays ou encore le Manneken-Pis. Uderzo et Goscinny proposent un regard sur les Belges drôle mais sans caricature. On ne se moque pas, on « rit avec ».
Comme les albums d’Astérix, l’exposition est conçue pour tous les publics : enfants, adultes, spécialistes et néophytes. Une occasion de se rafraichir la mémoire ou de redécouvrir un des nombreux détails qui font la richesse du récit pendant que les plus jeunes (ou les moins jeunes) testeront leur belgitude avec les différents jeux proposés.

L’exposition est complétée par une réédition de l’album avec trente pages de making-of et le vrai Manneken-Pis habillé pour l’occasion en Astérix, après avoir porté le costume d’Obélix en 2005. Le CBBD propose également cet été deux autres expositions temporaires, dont la très belle monographie de Gipi à ne pas manquer.

Astérix chez les Belges, jusqu’au 3 septembre 2017
Musée de la BD, 20 rue des sables, Bruxelles
www.cbbd.be

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Laetitia Larralde
Architecte d'intérieur de formation, auteure de bande dessinée (Tambour battant, le Cri du Magouillat...)et fan absolue du Japon. Certains disent qu'un jour, je resterai là-bas... J'écris sur la bande dessinée, les expositions, et tout ce qui a trait au Japon. www.instagram.com/laetitiaillustration/

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