
Le mari, la femme et l’amant
« Ne riez pas de la femme d’un autre car qui sait si demain elle ne sera pas la vôtre. » Sacha Guitry
Dans cette pièce ô combien savoureuse et délicieusement inconvenante, Guitry tend à démontrer que les couples mariés ne peuvent résister à l’usure des habitudes qu’à la condition d’avoir amant ou maîtresse. Si bien que lorsque Janine, prise d’un violent excès de vertu, décide de rompre avec son amant régulier, tout le bel équilibre de ce trio, dont bien sûr l’un ignore tout, se trouve bouleversé. Une redistribution des cartes amoureuses dont on se délecte qui ne fait que pimenter la perversité joyeuse des maîtresses, l’ironie acide des maîtres et la lucidité réjouissante des valets.
Julien Sibre, à qui l’on doit le très réussi Repas des fauves (couronné par trois Molières en 2011) commente : « Dépoussiérer Guitry ? Sûrement pas ! Pour la bonne raison qu’il n’y a jamais eu une once de poussière sur son œuvre théâtrale : il suffit de la lire avec nos yeux de contemporains ».
Julien Sibre applique seulement une petite patine qu’il fait briller comme on le ferait des dorures d’une psyché Art Déco (c’est à cette période, joyeuse et débridée des Années Folles, que se déroule l’action). A cela, il ajoute le Ragtime pour la note musicale, les plumes et les smokings pour l’élégance… Du pur Guitry donc : esprit libre et pétillant ; une pièce drôle, émouvante aussi, dont la «morale immorale » nous comble d’aise !