HELENE MATHON ET JACQUES REBOTIER
“Aussi loin que je me souvienne, il n’y a que la musique qui m’ait jamais réconcilié avec le théâtre. Souvent le théâtre me fâche, ou m’ennuie, ou les deux… disons que je m’y sens à l’étroit. Avec la musique, c’est la même histoire à chaque fois : un esprit léger et impertinent qui se met à souffler et, avec lui, le désir qui revient. J’ai découvert l’écriture de Rebotier à l’occasion d’un stage de chant contemporain où j’officiais comme “vilaine petite canarde” parmi des chanteuses professionnelles. Son écriture m’avait alors sauvé du ridicule auquel mon peu de technique vocale m’exposait de façon sûre. Je ne sais pas si finalement j’avais chanté ou parlé, mais j’avais adoré traverser ces territoires dramaturgiques et musicaux que Rebotier nous propose, et ce sourire de chat bienveillant qui me semblait accompagner les mots. Aussi, en juin dernier, quand les Subsistances m’ont proposé de créer une petite forme apte à affronter les lieux et les publics les plus divers, j’ai pensé qu’il n’y avait que cette écriture pour m’accompagner. La rencontre avec Rebotier, et les représentations qui ont suivi, m’ont montré que j’avais eu raison. Sans trop me tromper, je dirais que nous partageons un goût pour la tentative -au besoin “kamikaze” – et pour un certain décalage. J’ai eu envie de partager avec lui quelques soirées à La Java, de mettre en parallèle son Contre les bêtes et mon Omme vit très bien toute seule, deux propositions qui évoquent l’étrange rapport de l’homme à la terre et à ceux qui l’habitent comme lui, deux solos aux dispositifs simples dont les textes se font écho. Il a accepté et j’en suis absolument ravie. Il me semble en effet que le spectateur découvrira avec étonnement et ravissement ces deux “cousines”, différentes et complémentaires. Ce programme est tout à fait inédit, il s’est improvisé dans les derniers jours de l’automne, grâce au désir et à la souplesse de tous ses acteurs – La Java, voQue et La Langue Ecarlate -, désireux de résister à la grande glaciation du spontané qui nous menace ces temps. Qu’ils en soient ici tous remerciés”. Hélène Mathon
