En même temps

En même temps

14 October 2015 | PAR Weidmann-Charlotte

Texte : Evgueni Grichkovets, éd. Solitaires Intempestifs
Traduction : Arnaud Le Glanic.
Mise en scène : Chloé Brugnon
Jeu : Maxime Kerzanet
Création sonore : Antoine Reibre
Création lumière et vidéo : Stéphane Bordonaro
Collaboration artistique : Myriam Bâ et Victor Thimonier

Coproduction Compagnie Claire Sergent, la Comédie de Reims CDN.
Avec le soutien du Salmanazar – Scène de création et de diffusion d’Épernay
Construction du décor dans les ateliers du Jardin Parallèle, fabrique marionnettique et laboratoire d’écritures nouvelles.
La compagnie bénéficie de l’aide aux émergences attribuée par l’Office Régional Culturel de Champagne-Ardenne.

Le spectacle bénéficie du partenariat Loge-T2G (mise à disposition d’espaces de répétition)

« Comment voyons-nous, nous souvenons-nous, comment ressentons-nous autrui et comment communiquons-nous avec lui ? Que signifient dormir, rêver et parler ? Lorsque nous utilisons le mot moi, de quoi parlons-nous ? Chaque époque a eu ses propres platitudes, truismes, sagesses populaires et dogmes en tout genre, censés répondre à ces questions. La nôtre n’est pas différente. » Siri Husvedt, dans Vivre penser regarder

Comment dire en même temps toutes les idées qui occupent notre esprit en l’espace d’une seconde ? Cette curiosité, qui anime la pièce de Grichkovets, définit mon désir de mise en scène. Dans ce monologue, un jeune homme raconte comment il prend conscience de l’incroyable complexité de son corps et de la profusion de pensées qui l’assaillent sans qu’il puisse les contrôler. La prise de conscience devient un enjeu d’écriture et de représentation : comment dire que nous vivons, pensons et regardons « en même temps » ? Grichkovets laisse libre cours à sa pensée et nous offre un texte aux multiples facettes : témoignage brut, essai philosophique, démonstration scientifique… On pense à l’écriture de Claude Simon, à son désir de retranscrire par l’écriture les mécanismes de la pensée. On pense à Proust, au détail qui réveille le souvenir d’une émotion enfoui dans notre inconscient. On pense à l’écriture automatique, à une langue libérée de toute autocensure, qui dirait tout ce que la pensée lui dicte sans passer par le filtre du raisonnement. Cette parole est une parole du vécu. Au travers le témoignage d’un individu, ce sont nos propres émotions qui nous reviennent en mémoire, et nous prenons conscience en même temps et avec l’acteur de notre propre capacité à produire des images, à rêver, à ressentir, à construire la représentation. Au détour d’anecdotes quotidiennes souvent drôles, cet homme nous place face à nous-mêmes, à notre incompréhension, à nos inquiétudes et à nos espoirs. Le spectateur est amené à vivre une expérience singulière au cours de laquelle un acteur révèle tous les mécanismes humains, sans rien dissimuler. Comme en écho à Valère Novarina qui rêvait « un jour qu’un acteur livre son corps vivant à la médecine, qu’on ouvre, qu’on sache enfin ce qui se passe dedans, quand ça joue », nous ouvrons et découvrons, le corps et le cerveau d’un acteur ; nous l’observons à la loupe, sous toutes ses coutures, conscients et complices, car cet homme qui se livre devant nous, c’est nous.

Si nous ne pouvons changer le monde…
Les Justes
Weidmann-Charlotte
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