Annette

« Elle n’est pas comme les autres, ma soeur. Comme les soeurs des copains. Un jour je l’ai compris. Quand ? Je ne sais pas. Un jour, j’ai su qu’elle était différente et que c’était normal. Normal qu’elle ne soit pas normale. Elle est là mais elle semble vivre ailleurs. Dans un autre monde. Mais où ? ». C’est ainsi que l’auteur Fabienne Swiatly expose tranquillement le sujet même de ce spectacle. Annette ! Oui Annette ! Car Annette avant tout, au-delà de la maladie, est Sujet. Avec Elle nous retrouvons une démarche chère aux Transformateurs, une écriture au contact de la scène, une écriture où les mots naissent du plateau pour y retourner dans de multiples va-et-vient. Annette donc, une enfant pas comme les autres. Un sujet fort, l’anormalité, le handicap, la maladie. Le rapport à l’autre, à la différence, à l’indifférence qui sait où le travail sur l’altérité et le corps fragmenté d’Annette sont autant d’interrogations, portées par une mise en scène maîtrisée de bout en bout et des comédiennes en capacité d’interchanger les rôles sans que le spectateur ne se sente à son tour laissé pour compte. Des professionnels du handicap et de la neurologie furent également associés au travail. Assurément du travail d’orfèvre. Par cette virtuosité toute l’équipe nous invite à penser donc à réfléchir. Et si les comédiennes se préservent de l’émotion en évitant les écueils de l’empathie surexposée, c’est pour mieux nous convier à cette réflexion au-delà de la maladie d’Annette et de toutes les anormalités. Et l’auteure Fabienne Swiatly d’insister : « Normal. Normal celui qui est d’équerre. Celui qui est d’aplomb. Celui qui ne provoque pas de remous. Normal celui qui est en bonne santé, à l’apparence saine. Beauté plastique ». Les Transformateurs, créés à Lyon en 1992 à l’initiative de Nicolas Ramond, cultivent cette forte détermination « à parler d’aujourd’hui aux gens d’aujourd’hui ».

Rencontre sur le parquet : à l’issue de la représentation de 19h30 venez poser vos questions à Nicolas Ramond et à l’équipe artistique sur le parquet de danse devant la billetterie.