
Mank, le film nostalgique de David Fincher
Alors qu’on attendait le réalisateur de Fight Club depuis 2014 et Gone Girl, c’est sur Netflix depuis le 4 décembre 2020 qu’il est de retour avec un film mise en abyme nostalgique du Hollywood de l’âge d’or. Mank est une plongée en noir et blanc dans les coulisses de Citizen Kane.
Los Angeles, toute fin des années 1930 ; alors que l’on craint de loin Hitler et le communisme, le jeune Orson Welles fait capturer un scénariste accro à l’alcool et désœuvré depuis un temps, Herman J. Mankiewicz (extraordinaire Gary Oldman, méconnaissable en intello lucide, cinglant, adipeux et vieillissant…) pour lui faire écrire la vie du magnat William Randolph Hearst… En noir et blanc, s’ensuivent 2h20 de scène d’écriture à peine sevrées, dans un ranch où deux nannys allemandes le gardent comme des cerbères exilés et où, par flash-backs, notamment de la rencontre avec la jeune égérie et compagne de Hearst, Marion Davies (Amanda Seyfried) est signifiante…
Ode au Hollywood de l’âge d’or, dans la lignée du Barton Fink des frères Coen et de La La Land de Damien Chazelle, Mank ne mesure pas les douceurs qu’il offre: bruits de coulisses, dessous de tournages (la scène de bûcher est merveilleuse) et mots d’esprit, volontiers de la part de juifs allemands exilés sont au menu de ce film à la forme et au scénario hyper-travaillés. Gary Oldman est juste génial dans le rôle principal de loser sympathique en rédemption, on adore Tuppence Middleton dans le rôle touchant et vivant de sa femme. Mais cela n’empêche ni les longueurs, ni les lourdeurs de dialogues sur la situation politique, ni le fait que l’enchevêtrement de flash-backs ne parvient pas à créer un rythme. Un bel essai, qui reste prisonnier de sa nostalgie et qui plaira certainement aux hypnotisés de la “Rosebud”.
William Randolph Hearst
visuel : affiche © Netflix