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Sortie DVD : L’heure d’été

18 September 2008 | PAR loic

Après Boarding Gate, Olivier Assayas réalise un film tout à fait différent, aux allures franchouillardes, avec des acteurs très populaires et un style nouveau. Lui qui était habitué à décrire des univers empiffrés de drogues, il filme ici une famille dans un moment de deuil. L’ambiance est parfois légère, parfois plus austère, en tout cas toujours surprenante pour un film d’Assayas.

heure d\'été, berling, assayas, binoche, rénierLe film : L’Heure d’été commence par un moment de joie, de retrouvailles au sein d’une famille qui s’éparpille. Alors, on craint qu’Assayas, au style si américain dans le bon sens du terme (Boarding Gate, Clean, Demonlover), ne  se soit fait rattrapé par la franchouillardise des films français d’aujourd’hui… Heureusement, ce n’est pas le cas. Dans ce domaine, Assayas ne ferait pas le poids à côté de messieurs Guédiguian, Bonnell, et autres. Assayas filme cette famille dans un moment de crise : le deuil de la grand-mère et la gestion des biens hérités. L’Heure d’été montre la difficulté de faire des choix contraires à ceux de ses aînés, de devenir adulte à part entière, de se libérer de sa propre famille. Le regard d’Assayas reste dans le constat : il ne juge jamais les attitudes de chaque personnage même si leurs conduites sont parfois exaspérantes.
Mais au fond, quelque chose ne fonctionne pas dans ce film. Dès la première séquence, les dialogues sont assez mous, trop démonstratifs. Assayas s’efforce dans chaque plan de faire ressortir la vie, en adoptant une manière de filmer qui épouse les mouvements des personnages, en écrivant des remarques spontanées. Au final, cette vie paraît bien superficielle et pas très intéressante. De plus, la mise en scène alourdit quelques passages très importants (l’annonce de la mort de la grand-mère, notamment) et emprisonne le spectateur dans une émotion forcée. Assayas insiste peut-être trop sur deux choses : les différents choix que font la fratrie (Binoche, Berling, Rénier), et l’émotion commune qui les lie au moment de la mort de leur mère. Le problème, c’est qu’il n’y a rien d’autre à dire sur ces personnages : le spectateur ne peut se faire d’avis sur rien et sur personne, tout est déjà dit par la mise en scène.
Le plus gros défaut du film est certainement la séquence finale, complètement indigne d’un cinéaste comme Assayas. Les cinq dernières minutes nous montrent une fête entre adolescents organisée dans la maison de la grand-mère, peu de temps avant qu’elle  ne soit vendue. La scène est ridicule et les adolescents superficiels. On  se serait bien passé de cette fin heureuse complètement démagogique.
Reste une photographie vraiment très belle, par le grand Éric Gautier. Les images sont toujours impeccables ce qui prouve, encore une fois, l’excellente collaboration entre Assayas et Gautier. Même si le fond est creux, L’Heure d’été contient quelques séquences aux images très abouties, notamment celle où Charles Berling et sa femme se promènent dans le Musée d’Orsay.
En bref, un film moins bon que son réalisateur. Autant revoir le très beau Clean.

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L’édition : Assez peu d’efforts ont été faits pour agrémenter cette édition qui contient deux bonus (un making-of et un documentaire).
Le making-of est inutile. La réalisation s’attarde sur des entretiens superficiels avec les acteurs les plus populaires (Berling, surtout, et Binoche) et avec le réalisateur qui n’a pas grand chose à dire, pour une fois. Ce bonus ne nous apprend strictement rien de crucial sur le film.
Le documentaire, « Inventaire », lui, est de meilleure qualité. Il nous apprend comment ont été constitués les carnets du peintre fictif du film, Paul Gauthier. On y apprend que L’Heure d’été est née d’une collaboration entre Assayas et le Musée d’Orsay qui mit quelques objets du film à disposition. Un documentaire qui enthousiasmera sûrement les connaisseurs.

L’Heure d’été. de Olivier Assayas. 1H40.
Avec : Charles Berling, Jérémie Rénier, Juliette Binoche.
Image : Éric Gautier. Édition MK2.

L. Barché

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