
Au nom de la paix, documentaire au thème généreux, un peu trop en surface
Un documentaire sur le Soudan du Sud, en guerre civile, et certaines tentatives de paix qui s’y activent. Et un film dont on peut trouver les images un peu trop démonstratives, au final.
Au nom de la paix est un documentaire réalisé par Christophe Castagne et Thomas Samentin. Il est produit par Forest Whitaker. Il a donc pu être projeté Hors Compétition pendant le Festival de Cannes 2022, durant lequel le génial acteur a reçu un prix pour l’ensemble de sa carrière. Il se centre sur le Soudan du Sud, pays d’Afrique né en 2011 et déchiré par la guerre civile. Et particulièrement, sur les efforts de deux personnes pour aider les autres à avancer vers une paix.
On y suit donc Gatjang Dagor, qui officie dans un camp de civils déplacés et essaye d’utiliser la pratique du foot pour unir des jeunes de différentes tribus. Son action et ses efforts sont cadrés avec des moyens techniques très conséquents – que ce soit au niveau de la réalisation ou de la photographie – jusqu’à un match ayant lieu à la fin du métrage, mettant en pratique les essais d’apprentissage du vivre-ensemble effectués jusque-là. Les images saluent le mal que se donne Gatjang, à juste titre pourra-t-on dire. Elles peuvent apparaître un peu trop belles parfois, mais on se dit que c’est parce qu’elles se veulent vectrices d’espoir, envers tous les publics.
Ce qui convainc moins est la trajectoire de Nandege Magdalena Lokoro. Cette femme jeune se lance, courageusement, à la rencontre d’un chef de guerre qui officie dans la vallée de Kidepo, dans le but de calmer les conflits qui y règnent. Si on salue sa force, on peut se sentir un peu dérangé par ce que les images donnent à voir. Au vu de la réalisation, on devine la présence d’une équipe de tournage qui ne passe pas inaperçue, autour de la jeune femme. Sa visite au chef guerrier revêt des atours un peu « officiels ». Dès lors, peut-on être sûr qu’il ne bluffe pas ? S’il prend des engagements, va-t-il vraiment les tenir au final ?… On doute. Mais d’un autre côté, Nandege la négociatrice très volontaire n’est-elle pas plus en sécurité, avec cette équipe autour d’elle ? On se rend compte alors qu’on ne connaît pas, de surcroît, la ou les manières dont il faut négocier, dans ce genre de cas, pour lesquels tout le monde ne se porte pas volontaire. Peut-être est-ce ainsi qu’il faut procéder ? On a peut-être tort de douter. Et le film de tout de même faire naître ces interrogations.
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Visuel : © The Whitaker Peace & Development Initiative