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“La sorcière et le martien”, à la source magique de l’enfance et du cinéma

“La sorcière et le martien”, à la source magique de l’enfance et du cinéma

01 June 2023 | PAR Olivia Leboyer
La sorcière et le martien
La sorcière et le martien

De Thomas Bardinet, nous avions adoré Nino, une adolescence imaginaire (2012, voir notre critique), qui parlait déjà d’absence à venir et de doux fantômes. C’est le même esprit qui anime ce film, où la magie de l’enfance et des croyances est célébrée avec une vraie lumière.

Le film s’ouvre sur une scène de tournage, où une petite fille peine à retenir ses deux phrases de dialogues, tandis que le réalisateur, lui, la reprend en se trompant sur son prénom. Malice, car ici, Thomas Bardinet dirige les enfants avec une complicité palpable. Comme est palpable la magie dans l’air, à l’orée de la forêt. “Puisque vous êtes toujours là à écouter une statue qui vous parle, c’est que vous êtes prêts” nous est-il d’ailleurs indiqué : pour pénétrer dans ce film, comme dans une forêt enchantée, nous devons suspendre notre raison ordinaire et accepter de nous laisser bercer par l’imaginaire de l’enfance.

C’est ce que fait Myriam (Yasmine Kherbouche), une presque jeune fille encore très enfant, qui croit dur comme fer aux sorcières, aux martiens, aux envoûtements. Dans la vraie vie, elle doit changer de famille d’accueil. Alors, oui, les arrière-mondes rêvés ne sont pas de trop. Son camarade de classe Bilal (Kylian Mahamoud) se voit déjà ingénieur ou astronaute et ne jure que par la rationalité et la science. Forcément, il commence par se moquer de Myriam, qu’il juge stupide. Seulement, lui non plus n’a pas une famille très présente (ses parents, scientifiques, sont sur Mars !) et les croyances pourraient bien lui apporter du réconfort… et une amie.

Le regard de Thomas Bardinet épouse la naïveté obstinée de Myriam, qui oppose son univers merveilleux au monde réel sans pitié. La déesse de la forêt soupire : “Ta tristesse m’a appelée. Encore un enfant ? Ce n’est pas ma faute si la tristesse est partout.” Comment sait-on si l’on est une sorcière ? On s’en rend compte, simplement, au jour le plus triste de notre vie.

Et la chanson finale résonne avec une mélancolie toute douce :

Je te jette un sort
Un sommeil en or
Quand tu rêveras
On se reverra
Nos poussières d’enfance
En cadence, se balancent
Même dans l’espace
On laisse des traces

Ce joli film est aussi un éloge de l’artisanat, du bricolage : c’est le fruit d’ateliers collectifs animés par Thomas Bardinet à Floirac (Gironde), et d’autres ateliers sont prévus pour accompagner la sortie en salles de La sorcière et le martien. Une belle initiative.

La sorcière et le martien, de Thomas Bardinet (réalisation, montage, son et musique), 2023, avec Yasmine Kherbouche, Kylian Mahamoud, Laura Delebarre, Eve Brange, Théodore Dupleix. Sortie le 21 juin.

visuels : photo officielle du film©.

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Olivia Leboyer
Docteure en sciences-politiques, titulaire d’un DEA de littérature à la Sorbonne  et enseignante à sciences-po Paris, Olivia écrit principalement sur le cinéma et sur la gastronomie. Elle est l'auteure de "Élite et libéralisme", paru en 2012 chez CNRS éditions.

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