
La Quinzaine: “L’autre Laurens” charmant polar à double fond

Claude Schmitz (Braquer Poitiers en 2018, Lucie perd son cheval en 2021) livre ici un polar bien corsé, avec tous les ingrédients du genre et une bonne dose de nonchalance. Dans un double rôle en miroir, Olivier Rabourdin (Des hommes et des Dieux de Xavier Beauvois, Rois et reines d’Arnaud Desplechin) excelle. Le film révèle également une jeune actrice pleine d’énergie, Louise Leroy.
Gabriel (Olivier Rabourdin, donc), promène sa tristesse fatiguée à la Philip Marlowe entre deux morts : celle de son frère jumeau flamboyant, François et celle, imminente, de sa mère, qui ne jure, comme tout le monde, que par François. Détective à la dérive, Gabriel reçoit la visite de sa nièce (Louise Leroy), véritable boule de vie qui s’efforce de le réveiller de sa torpeur. Qui va réveiller l’autre ?
Le duo brinquebale vers le Sud, pour enquêter vaguement sur l’accident de voiture de François, qui arrange un peu tout le monde. Ils rencontrent ainsi sa femme, américaine fatale comme il se doit (Kate Moran), ses potes bikers bizarres, deux flics Dupondt irrésistibles de mollesse, un clan d’Espagnols, un ou deux gitans, et même un Noir américain héroïque. A un moment, l’un des personnages lance à Gabriel : “On est vraiment dans un mauvais film, là !“? Non, rassurez-vous. Répliques sans filtre, noirceur bien épaisse, pièges tendus au carré, doubles troublants, l’intrigue s’effiloche avec style, nous promenant sans effort vers un dénouement classique mais efficace : On trouve alors autre chose que ce que l’on cherchait, et de plus précieux qu’une Rolex.
L’autre Laurens de Claude Schmitz, Belgique, 1h57, 2023, avec Olivier Rabourdin, Louise Leroy, Tibo Vandenborre, Marc Barbé, Kate Moran, Edwin Gaffney, Rodophe Burger. La Quinzaine, Cannes 2023.
visuels: photo officielle du film.©