La Slick, Attitude resserrée
Dans les jungle des Offs de la Fiac qui ne sont officiellement ses offs, Slick, qui cette année colle le mot Attitude à son nom offre une foire réduite en taille qui permet aux galeries d’exposer avec plus d’espace et nécessairement plus de visibilité.
Cette année, la Slick rassemble 28 galeries, en 2013 elles étaient 50. Comme l’année dernière, le pavillon se niche en bord de Seine, sous le Pont Alexandre III. Un bus à impériale est devenu un food truck veggie tandis que champagne et huitres sont proposés de l’autre côté.
Quand on entre, on est tout de suite séduit par le vaste qui est si rare généralement dans les foires d’art. ( et aussi par un charmant café où le barman est lui même photographe) On commencera par la fin, par le musée dans la galerie, ce qui est un rendez vous courrant dans ce genre d’événement, ici, bien réalisé.
Il s’agit de Plateforme qui met en avant dix artistes et pour nous trois gros coups de coeur. Le travail de Romina de Novellis (Galerie Laure Roynette) nous interpelle. Trois panneaux vidéos comme un tryptique religieux présentent l’artiste, au centre et de part et d’autre, sa mère et sa grand-mère. Toutes se lavent les pieds dans un geste chrétien détourné qui devient ici un haut lieu de l’hystérie.
Un ensemble de trois pièces réalisées par Victoria Klotz ( Galerie Isabelle de Mars) suscite l’attention. Une biche pleure, une main de presque poisson se tend, un disque sorti d’une caverne tourne dans l’intimité du casque. Elle est quasiment performeuse, réalisant des expériences assez poussées qui viennent interroger les relations entre l’homme et l’animal.
Après les bêtes, on retrouve l’art vidéo, cette fois via Clément Cogitore (White Project) qui a le bon gout d’inviter les mots de Rilke pour dire les communions païennes. Son Élégie remplace le feu par les IPhones et nous montre l’artiste flou dans une foule anonyme.
Mais Slick ce sont bien sur des galeries qui présentent leurs artistes. Voici nos coups de cœur :
Red ligth à la White Galerie
L’oeuvre est la plus hyponitique de la Slick. Elle est signée de Shilpa Gupta et se nomme Blame. Cette installation faite d’une pièce remplie de bouteilles en plastiques étalées comme dans une vieille pharmacie donne l’illusion du sang.
Performeuse chez Dubois Friedland
Pacale Barret semble vouloir clouer le bec aux icônes. Louise Brooks garde son regard sombre mais sur sa bouche, des pixels verts l’empêchent de parler. A côté, un cabinet de curiosité masculin et vidéo impose au spectateur de s’approcher très prés pour devenir voyeur. Le numérique devient ici palette réjouissante.
Les chats angora de la Galerie Charlot
L’adorable Galerie Charlot sait jouer des illusions. On croit voir un tableau mais ce sont les natures fragmentées de Jacques Percontes, exposé en ce moment au Collège des Bernardins. On croit voir une fleur, on apprend qu’elle n’existait pas avant la création de l’oeuvre par Edouardo Kac. Et ensuite, il y a ce chat, peint par Heyer, peintre oublié. Ici, Laurent Mignonneau & Christa Sommerer donnent à l’art sa valeur. On s’amuse de l’idée : si on passe dix secondes devant l’oeuvre, un ticket de caisse s’en échappe.
Les langues pendues de la Galerie Voies Off
La galerie arlésienne nous tire la langue et cela est tellement drôle. Il y a celle en bâtonnet de Marious van der Sloot et l’éponge à lécher de Put Put ( également présent chez Esther Woerdehoff)
Voies Off a aussi eu la bonne idée de proposer des séries à encadrer.
La noirceur envoûtante de Laurence de Maison à la Galerie Esther Woerdehoff
On adore les robes huilées quasi morbides de Laurence de Maison et on découvre avec joie ses dessins qu’elle ne montre jamais.
SLICK Attitude – 21 octobre 2014 from Slick on Vimeo.
Visuel : ©ABN
Et : Blesswild de Victoria Klotz ©Isabelle de Mars