
Rui Moreira à la galerie Jaeger Bucher : le voyage montre la voie au dessin
L’artiste portugais présente ses nouveaux dessins à la galerie parisienne jusqu’au 19 juillet, des œuvres qui s’inspirent de ses multiples voyages effectués ces derniers mois.

© Rui Moreira. Courtesy Galerie Jaeger Bucher/Jeanne-Bucher, Paris. Photo : Laura Castro Caldas.
Rui Moreira est un habitué de la galerie Jaeger Bucher. L’artiste portugais a eu pour la première fois les honneurs du site il y a 4 ans. Cette année, il revient pour une nouvelle exposition, La Nuit, jusqu’au 19 juillet. C’est l’occasion de découvrir ses dessins réalisés ces deux dernières années dans une période intense marquée par la paternité (La Nuit est d’ailleurs dédiée à son fils Vicente) et la poursuite de ses voyages à travers le monde.
Le voyage est un métier

© Rui Moreira. Courtesy Galerie Jaeger Bucher/Jeanne-Bucher, Paris. Photo : Laura Castro Caldas.
Au cours de ces derniers mois, Rui Moreira a été en Inde, dans le désert du Sud marocain et bien sûr dans son Portugal natal. Au cours de ses expéditions, seul dans ces contrées isolées où le silence est assourdissant, l’artiste réfléchit attentivement au temps, aux éléments, au rapport de l’homme avec la nature, une quête personnelle de méditation presque spirituelle. Pour lui, « l’expérience intérieure intense donne plus de profondeur au dessin ».
Les dessins évoquent cette nature en mouvement, la chaleur écrasante, la lumière, le froid, l’humidité, et se mélangent à des influences diverses. Rui Moreira se réfère autant aux outils de navigation d’Internet (Google Earth) qu’à de nombreux emprunts culturels. Les textes philosophiques, la poésie, les musiques classiques et traditionnelles et surtout le cinéma guident son travail, en particulier Andreï Tarkovski, Werner Herzog, Stanley Kubrick et Hans-Jürgen Syderberg. D’ailleurs, La Nuit tient son nom d’un film éponyme de ce dernier, un long-métrage de 6 heures sorti en 1985. Edith Clever en est l’actrice unique et y déclame des discours de grands auteurs européens. L’un de ces discours a particulièrement marqué Rui Moreira, celui du Grand Chef Indien Seattle. Alors que les terres de sa tribu vont être expropriées par les colons anglais, ce chef prévient l’homme blanc du risque pris s’il s’éloigne de sa terre, « c’est finir de vivre et se mettre à survivre ».

© Rui Moreira. Courtesy Galerie Jaeger Bucher/Jeanne-Bucher, Paris. Photo : Laura Castro Caldas.
Le retour à la Terre est donc inévitable pour se définir soi-même et comme dans ce conseil prémonitoire du chef Indien, Rui Moreira choisit cette voie pour ses dessins, un chemin intérieur d’où émerge l’espoir, loin des agressions extérieures et contemporaines.
De fait, les formes représentées ressemblent à des divinités chamaniques, des personnages imposants sans visage et aux formes comparables aux mangas japonais et à des œuvres surréalistes. Et lorsque certaines formes sont plus figuratives l’imagination est alors en action. Par exemple, dans L’Air du Matin I, on imagine un sous-marin prêt à surgir de l’eau. C’est aussi cela la magie du voyage, recréer un univers réel pour laisser le champ libre à l’invention et ouvrir le champ de possibles.
INFORMATIONS PRATIQUES :
Rui Moreira La Nuit
Jusqu’au samedi 19 juillet
Galerie Jaeger Bucher
5 et 7 rue de Saintonge 75003 Paris
Du mardi au samedi de 11h à 19h
01 42 72 60 42
www.galeriejaegerbucher.com
VISUEL EN UNE :
L’Air du Matin I (d’après Ligeti), 2012. Gouache sur papier, 120 x 160 cm © Rui Moreira. Courtesy Galerie Jaeger Bucher/Jeanne-Bucher, Paris. Photo : Laura Castro Caldas.