
Vivian Maier révèle ses visages au Bozar
Alors que le Musée du Luxembourg réservait récemment une grande exposition à la photographe américaine Vivian Maier (1926-2009) révélée tardivement, Bozar Bruxelles a décidé intelligemment “d’angler” son propos sur la question de l’autoportrait. Classique, mais cela permet de développer un point d’ancrage dans les 120 000 clichés de celle qui a travaillé comme nounou et immortalisé New-York…
Une exposition scénographiée
En grimpant les escaliers qui mènent vers les espaces d’exposition de Bozar, nous sommes accueillis par une silhouette et un regard de Vivian Meier. A l’entrée de l’exposition, deux miroirs mis côte à côte nous reflètent nous, pour mieux nous permettre de nous identifier et nous glisser dans son univers.
La scénographie de l’exposition joue un rôle très important dans la découverte d’une œuvre par un angle classique en histoire de l’art, mais claire et efficace pour entrer dans l’univers de Vivian Maier. Un univers loin d’être naïf ou “brut”, puisque les commentaires de l’exposition ne cessent de nous rappeler que la photographe utilise – y compris quand elle se cache dans le décor – des procédés éprouvés des grands photographes de rue.
L’autoportrait et ce qu’il dit
Partant du fait que dans de nombreux clichés, Vivian Maier s’est cachée telle Hitchcock dans ses films, l’exposition focalisée sur l’autoportrait révèle ce double dans des photos nombreuses mais jamais trop nombreuses, selon un parcours de 4 salles qui nous promène de manière thématique dans le reflet de l’artiste : l’ombre portée, le reflet et le miroir et l’on finit sur un film en super 8. On apprend à chaque fois que les tirages ont été faits en 2017 et a bien l’impression de participer au défrichage d’un nouveau terrain. Alors que l’artiste apparaît avec un visage très concentré et expressif partout, plus comme un Van Gogh que comme une ombre, l’explication claire et nette de la modestie de la condition nous convainc moyennement.
Il n’empêche, par ce biais et ce thème, on le redécouvre encore totalement autre et l’on apprécie encore mieux ses cadrages et ce qu’elle saisit hors de son propre visage qui aurait pu tout manger tellement il est intense. Bravo pour la problématique qui éclaire Vivian Maier avec génie et laisse bien des questions ouvertes…
Visuel : © Vivian Maier Maloof Collection, Courtesy Howard Greenberg Gallery, New York