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Lieux Saints Partagés : Même en situation politique tendue, les monothéismes comme sources de paix à La Cité de l’Immigration

Lieux Saints Partagés : Même en situation politique tendue, les monothéismes comme sources de paix à La Cité de l’Immigration

26 October 2017 | PAR Yaël Hirsch

Quand le Musée National de l’histoire de l’Immigration s’intéresse aux religions, elle se penche sur les monothéismes en méditerranée et ne renonce pas pour autant à son prisme de tolérance et d’éloge des identités. Sous le commissariat des anthropologues et chercheurs au CNRS Dionigi Albera, et Manoël Pénicaud (à qui l’on doit également de sublimes photos) et après le Mucem, elle interroge les lieux saints des trois monothéismes pour montrer – contre tout préjugé sur la religion matrice de violence et de conflit – qu’ils créent de la convergence et de l’harmonie dans des lieux pourtant soumis aux tensions politiques.
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On entre dans cette exposition au propos resserré et à la thèse originale par une installation du plasticien Michalangelo Pistolletto où l’on peut prier, toutes confessions confondues. C’est ensuite qu’on arrive en Terre Sainte (section 1) par le Temple de Jérusalem / L’Esplanade des Mosquées / Le Saint Sépulcre. Si, entre est et ouest, islam et judaïsme et Israël/Palestine, Jérusalem est un point culminant de tensions, les trois monothéismes y cohabitent, bien obligés ! Même tableau à Hebron, où l’on trouve le Tombeau d’Abraham ou à Beethléem , lieu de naissance de Jésus ou encore au Mont Carmel, à deux pas du Liban, au-dessus de Haïfa. La deuxième section de l’exposition met en avant ces lieux de passage que sont les îles de la Méditerranée. A Lampedusa, tristement connue pour ses plages où échouent les migrants, une grotte attire à la fois les marins chrétiens et musulmans. Djerba est un lieu de pèlerinage pour les juifs et les musulmans. Le culte de Saint-Georges est célébré par des musulmans dans une église orthodoxe au large d’Istanbul sur l’île de Büyükada. L’exposition nous présente également le dernier rabbin de Crète où la communauté juive a été décimée par la Seconde Guerre mondiale : Nikos Stavroulakis (1932-2017). « D’une rive à l’autre » (section 3) l’on découvre que le culte de Marie importe autant aux musulmans qu’aux chrétiens. A Palerme, grâce aux Roms on fête Hederlesi, fête typique des Balkans commune aux musulmans et aux chrétiens orthodoxes. Et la figure de l’émir algérien Abd el-Kader (1808-1883) est à la fois symbolique de la tolérance religieuse et de la révolte contre la colonisation.

En quatrième et dernier lieux viennent « Les bâtisseurs de paix » parmi lesquels l’orientaliste Louis Massignon qui emmenait catholiques bretons et musulmans du monde en pèlerinage ensemble en Bretagne après avoir découvert une légende commune : Le mythe des Sept Dormants. Le jésuite italien, Paolo Dall’Oglio qui se déclarait « amoureux de l’Islam et croyant en Jésus » et le savant juif algérien Albert Chouraqui sont aussi deux figures du passage. Avec ses photos de responsables de cultes dans un lieu de culte d’une autre religion, Alain Bernardini désaxe et détourne les offices. Enfin, l’on finit l’exposition un peu comme on l’a commencé : par un lieu de prière œcuménique, la « Maison de prière et d’enseignement des trois religions », appelée « House of One », dessinée par les architectes Kuehn Malvezzi et qui ouvrir ses portes à Berlin en 2018. Un message courageux de paix et de tolérance par la coexistence de lieux (au sens fort des années 1970 : personnes comme emplacement) tous empreints de foi ?

Pour voir le site de l’exposition c’est ici.

Visuels : Visite de l’exposition © YH

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Bastien Stisi
Journaliste musique. Contact : [email protected] / www.twitter.com/BastienStisi

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