
Le photographe Sergio Larrain à l’honneur à la Fondation Henri Cartier-Bresson
40 ans après le putsch et après la mort de Pablo Neruda, ce n’est pas à un photographe révolté que la Fondation Henri Cartier-Bresson prête ses murs mais à l’art à la fois réaliste et pudique d’un photographe très spirituel déjà à l’honneur des Rencontres d’Arles cet été : Sergio Larrain. Une très belle exposition, aux énergies apaisantes.
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“Une bonne image naît d’un état de grâce” disait Sergio Larrain, photographe chilien versé dans les philosophies orientales. Né dans l’Entre-deux-guerres, ayant voyagé jeune en Europe, il s’est frotté à la carrière de photojournaliste sans jamais trop insister, car si les clichés de Sergio Larrain projettent une lumière nouvelle sur les sociétés qu’il observe, c’est en laissant le temps à la grâce d’arriver. Tout chez ce globe-trotter tranquille exhale une spiritualité profonde, qui existe comme un métal précieux, sous les pores mêmes d’une misère qu’on voudrait voir, comme dans les clichés de sang et de terre, toute opaque. Avec ses cadrages originaux, ses vues habitées et plongeantes et ses portraits toujours nimbés de mystère, Sergio Larrain passe derrière cette pauvreté pour chercher l’humain, même et surtout dans les bordels les plus tristement dansants de Valparaiso et les rues de Santiago où les enfants dorment entassés sur les bouches de métro.
Concentrée sur les photos des années 1950 et 1960, au Chili, mais aussi à Paris et Londres, cette exposition sur les vagabondages sociaux et spirituels de Sergio Larrain est une petite perle de l’automne parisien qu’il ne faudrait pas manquer.
Catalogue de l’exposition : Sergio Larrain, ed. Xavier Barral, 65 euros.
Photo : © Chili, Valparaiso, 1963, Cafe, Sergio Larrain/Magnum Photos