
La Pinacothèque de Paris ausculte le mythe de Cléopâtre sous toutes ses coutures
Dans ses deux ailes flambant neuves de la place de la Madeleine, la Pinacothèque de Paris réunit 350 pièces venues des plus belles collections du monde (dont le Musée du Vatican, le Musée égyptien de Florence, le Musée des Antiquités de Turin, et le Musée National archéologique de Naples). Une exposition-fleuve qui s’ouvre par les bas-reliefs du temple d’Hator à Denderah et se clôt par les robes d’Elizabeth Taylor dans le film de Mankiewicz. Une exposition à la fois glamour, extrêmement riche et ficelée avec une grande rigueur par un comité scientifique ébouriffant. Jusqu’au 7 septembre 2014.
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Descendante des Ptolémés, reine à 18 ans, restée sur le trône d’Egypte pendant plus de 20 ans, mère du fils de César puis maîtresse adulée de Marc-Antoine, Cléopâtre (-69, -30 av JC) est l’une de ces femmes qu’aujourd’hui l’on dirait fatales. La Pinacothèque se penche sur ce personnage historique devenu mythe en deux grandes parties.
La première, exposée dans l’espace imposant de la nouvelle aile, est archéologique et historique. A travers les prêts des plus grands musée d’Italie et d’Europe, le contexte de la dynastie de Ptolémés, de la vie en Egypte en temps d’impérialisme romain, et l’histoire propre de Cléopâtre VII Théa Pholipator sont évoqués.
C’est forts de ce savoir qu’on s’avance vers la deuxième moitié de l’exposition où le mythe est interrogé. On commence du côté des Beaux Arts, avec la Renaissance Italienne, qui s’empare du personnage, qu’elle dépeint comme une femme mauvaise, de mœurs légères et rédimée par sa mort qui est souvent l’image d’Épinal représentée. Parmi les chefs d’oeuvre réunis on notera entre autres la Cléopâtre de Guido Reni venue du Palazzo Pitti. Après une bluffante collection d’éventail du 18ème siècle aux couleurs de la reine Égyptienne, on s’avance vers un 19ème siècle moins dur à l’égard de Clopâtre : l’Orientalisme se focalise sur ses formes qu’il imagine lacives (Achille Gisenti, Mosé Bianchi), tandis que son suicide suscite tout de même un peu d’empathie (Dionisio Calvaert).
Et l’on finit par Cléopâtre sur scène, avec l’opéra (Haendel, Massenet, Berlioz) et la scène, ainsi que les portraits de fameuses interprètes (Sarah Bernhardt, Montserrat Cabaillé). Les décors d’une mis en scène de 1989, dessinés par le sculpteurs italien Arnaldo Pomodoro sont l’une des découvertes bluffantes de l’exposition, tandis que le final “populaire” (la BD de Astérix et Cléopâtre, les films de Cecil B de Mille et de Joseph l. Mankiewicz) par lequel il aurait peut-être fallu commencer, séduira tous les publics.
Cléopâtre sous toutes les coutures, s’expose avec autant de richesse que de rigueur à la Pinacothèque, et le mythe est une belle occasion d’appréhender plusieurs époques et civilisations facsinées par la reine d’Egypte.
https://www.youtube.com/watch?v=IGOHlCtoEFE
visuel : affiche de l’exposition