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“Korea Now!”  Craft, Design, Mode et Graphisme coréens aux Arts Déco

“Korea Now!” Craft, Design, Mode et Graphisme coréens aux Arts Déco

20 September 2015 | PAR Araso

Dans le cadre de l’Année France-Corée 2015-2016, les Arts Décoratifs proposent un parcours initiatique à travers le design, la mode et le graphisme coréens. Une exposition haute en couleurs, entre modernité et tradition et dans le raffinement le plus absolu.
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Un design entre héritage et innovation
Sous la grande nef et dans les ailes latérales, tout n’est qu’épure, calme et volupté. Pas de gadget high-tech dernier cri ou de néon aguicheur. C’est bien de métiers d’arts qu’il s’agit (voir notre article du 11 Septembre, Révélations, le salon des métiers d’Art et de la Création), de savoir-faire ancestraux réinterprétés par une génération d’artistes avant tout artisans, techniciens de l’objet, dans le plus pur respect d’une philosophie plaçant le bien-être et le Beau au cœur de la vie de l’Homme. Sous les lignes épurées, le mysticisme est palpable et les allusions à la mythologie coréenne discrètes mais omniprésentes. Un design presque régressif, tout en légèreté et en finesse. Ainsi éprouve-t-on une irrésistible envie de s’envelopper dans la chaise et son abat-jour modulable en papier coréen (Hanji) de Seung-yong SONG, de faire de longues pauses méditatives devant la série Haze en résine teintée de Won-min PARK et de jouer à cache-cache dans le mobilier conçu par Eun-myung SOH, qui laisse apparaître son contenu à travers un jeu de bandes élastiques colorées. Les sculptures d’argent de Hye-jeong KO, qui d’un motif de fleur de pissenlit crée des coupes oniriques, les mobiles de Sung-kenn LEE qui rendent le métal aérien et l’impressionnant travail de marqueterie de nacre sur laque, artisanat coréen de longue tradition qui pousse le raffinement à son paroxysme portent le visiteur de nuage en nuage sur une ballade cotonneuse. L’art du bijoux quant à lui, se veut décalé, explosif tout en respectant cette veine poétique. Mêlant avec harmonie la laine, le verre, le silicone, la soie qui prend des formes organiques, il crée des jeux de transparences et de pouvoir comme en témoigne l’imposant collier Attaque de cornes vertes de Sang-hee YUN qui permet à celle qui le porte de repousser n’importe quelle énergie malveillante.

Une mode exubérante, innovante et décomplexée
La scénographie sombre du premier étage emmène soudain le visiteur en eaux troubles, réveillant d’un seul coup sa vue et son ouïe. On ne sait plus où porter son regard tant les couleurs et les vibrations fusent de part et d’autre. De l’intimité décontenançante du costume des rois à l’explosion de couleurs, du rouge porte-bonheur au noir mondain, le bleu, le vert, et le blanc sont autant de thématiques qui permettent à la jeune scène modeuse coréenne de flirter avec les costumes traditionnels dans une harmonie désarmante. La scénographie intimiste ponctuée d’écrans d’ambiance et d’explications met en valeur cet éclectisme expérimental, conceptuel mais toujours accessible. Ainsi peut-on louvoyer entre les sous-vêtements traditionnels masqués par un jeu voyeuriste, les silhouettes masculines résolument modernes, affirmées et dont les bas de vestes viennent finir en capuches sur la tête avec un certain humour. Chez la femme, des papillons synthétiques viennent s’agglutiner sur un corps de mannequin en une robe multicolore et futuriste tandis que des lamelles de peau noire enlacent des tissus couleurs de paon.

Un graphisme-philosophie
C’est le graphiste Ahn Song-soo qui accueille le visiteur dans la dernière étape de l’exposition, dédiée au graphisme. Le fondateur du Pati, une école de typographie qui émerge de jeunes talents et futurs virtuoses du livre artistique, explique pourquoi, en Corée, les sciences humaines commencent par l’étude de la médecine. « L’homme ne peut pas dépasser son propre corps quelles que soient les études qu’il entreprend. Plus on connaît son corps plus on est lucide quand on travaille. On a tendance a étouffer le corps pour vénérer le cerveau. » L’étage regorge d’abondantes interprétations du hangul, fondé à la fois sur le confucianisme et les principes de yin et de yang. Cette profusion replace la Corée au cœur de l’histoire mondial de l’imprimerie en tant que terre de naissance, au XIIIème siècle, des caractères mobiles d’imprimerie en métal tout en mettant en exergue la richesse du travail des jeunes artistes sur cette typographie distinctive, une des caractéristiques majeures du graphisme coréen.

L’exposition Korea Now ! Craft, Design, Mode et Graphisme en Corée est à découvrir aux Arts Décoratifs jusqu’au 3 janvier 2016.

texte et photos : Araso.

Infos pratiques

Centre National Jean Moulin
Petites formes mouvantes et émouvantes
musee_des_arts_decoratifs

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