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Le superbe corpus d’Helena Almeida

Le superbe corpus d’Helena Almeida

08 February 2016 | PAR Araso

Dans le cadre du Printemps Culturel Portugais, le musée du Jeu de Paume consacre une première rétrospective en France à la photographe Helena Almeida, à travers toutes les phases de son travail depuis milieu des années 1960. L’exposition Corpus présente un ensemble d’œuvres, peintures, photographies, vidéos, installation sonore et dessins qui propose une nouvelle forme narrative autour du corps et du geste.

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Helena Almeida est née en 1934 à Lisbonne et est l’une des figures majeures de l’art conceptuel. Elle associe le dessin, la peinture, la photographie, la video et la performance dans un médium unique. Dès 1969, elle travaille sur la notion d’auto-représentation. Son corps est à la fois sujet et support de ses œuvres.

Le point de départ de l’exposition est l’interrogation du statut de la peinture comme support. Pour l’artiste, dès les années 1960, il convient d’en finir avec le sacro-saint medium qu’elle déconstruit dans des performances dont il reste des oeuvres tridimensionnelles: des chassis dénudés, des toiles enroulées, malmenées. De la peinture reste l’objet.

Sa recherche sur la représentation de son moi et de son intériorité donne lieu à des représentations troublantes, qu’elle prépare au dessin, scénographie et interprète. Des séries à l’accrochage parfait rendent compte du mouvement, d’une intimité expulsée à grand renfort de trainées de suie noire. Les images sont d’une beauté saisissante.

Dès les années 1970, Helena Almeida entame un remarquable travail sur la perception et les sens. Mobilisant différents media dont la photographie, la performance et le dessin, elle questionne notre rapport à la présence et cherche une une forme picturale qui en rende compte. La série “Sens-moi” fait usage d’un crin de cheval laissé comme une empreinte sur un visage qui s’agrandit à mesure qu’il s’éloigne. La présence est définie par cette silhouette qui s’éloigne jusqu’à disparaitre. L’empreinte demeure, inchangée. A travers l’installation sonore “Vois-moi” (1979), l’artiste nous invite à voir avec nos oreilles. La boucle est bouclée lorsque le visiteur est appelé à écouter au casque les sons émis par un crayon sur son support afin de percevoir l’espace et le geste. C’est l’invention d’une musicalité du toucher.

C’est probablement la sublime série “Séduire” du début des années 2000 qui émeut le plus. La phase d’étude du projet est exposée sous la forme d’une video touchante sur un air d’opéra et de dessins préparatoires réalisés par l’artiste. Elle y interprète des corps, des pieds et des mains qui cherchent un rapport au sol et à soi dans cet étrange exercice qu’est la séduction, dans les effets de la séduction sur le corps et ce que le corps dit de la séduction. Séduire c’est se faire mal, mettre des talons, trébucher, tomber, se relever, expérimenter, se mettre à l’épreuve. C’est en adopter les codes – dont la célèbre petite semelle rouge d’un chausseur bien connu, et le langage corporel. Qui dit séduction dit forcément soumission à un processus normatif qui induit un certain déguisement, source de plus ou moins de douleur.

Visuels © Helena Almeida

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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