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Fendre l’air: l’art du bambou au Japon présenté au musée du Quai Branly

Fendre l’air: l’art du bambou au Japon présenté au musée du Quai Branly

08 December 2018 | PAR Sabina Rotbart

Art méconnu, la vannerie japonaise destinée à l’ikebana et à la cérémonie du thé, s’expose pour la première fois en France au Musée du Quai Branly – Jacques Chirac. Où l’on voit l’objet usuel devenir sculpture.

Certains des artistes exposés là sont des Trésors nationaux vivants et d’un âge respectable. D’autres, par contre, sont des artistes jeunes et fun qui mettent du bambou partout. Même à la ceinture de leur kimono sous forme de petites boîtes bien pratiques qui tiennent lieu de poches … L’exposition juste commencée au Musée du Quai Branly présente 200 oeuvres, ce qui est énorme! Car cet art de la vannerie est peu montré, même au Japon. C’est ainsi, à ce jour, le plus grand ensemble jamais exposé en Europe.

Un artisanat d’art lié à la cérémonie du thé
Contemporaine du rayonnement de l’art du thé venu de Chine et apparu à la fin du 8ème e siècle au Japon, la vannerie artisanale de bambou est, au départ, totalement liée à de cérémonie du thé. Car dans certains rituels l’arrangement floral (ikebana) dans des paniers était de règle. Durant des siècles, les artisans japonais ont passé leur temps à imiter les modèles chinois qui, déjà, copiaient eux -même des vases de bronze ou de porcelaine.

Cet art de la vannerie de bambou s’est peu à peu étiolé pour connaître un renouveau au début de l’ère Meiji (1868-1912). Soit au moment où le Japon sort de son isolement volontaire et s’ouvre à la modernité. De grandes familles d’artistes vanniers apparaissent alors. Mais c’est surtout dans les années cinquante, avec notamment Rokansai, que des créateurs se dégagent de toute fonctionnalité, pour en faire de véritables sculptures aériennes dénuées de toute utilité.

D’utilitaire, le bambou devient objet d’art
L’exposition retrace cette évolution, depuis les modèles inspirés de l’esthétique chinoise (Karmono) jusqu’aux œuvres actuelles, en passant par les maîtres de l’âge d’or, au début de Meiji. Des period rooms reconstituent les ustensiles et les arrangements typiques, différents dans la cérémonie du thé chanoyu, très strictement codifiée et la cérémonie du thé sencha, plus informelle. Cette dernière, apparue au XVIIème chez les commerçants lettrés était pour eux l’occasion de montrer leurs objets d’art, leurs précieuses collections de porcelaine et de vannerie. Cerise sur le gâteau, le musée a passé commande auprès d’artistes contemporains d’œuvres qui viendront grossir la collection du Musée. Des sculptures posées dans un délicat déséquilibre, dans une torsion impensable qui fait toute leur force poétique.

Le bambou, plante régnante au Japon !
Plus de 600 espèces de bambou sont là-bas endémiques, soit la moitié des espèces connues dans le monde. Cette plante fait l’objet d’un véritable culte tant sa symbolique est positive, car elle pousse vite et droit, s’avère presque imputrescible et se plie à une multiplicité d’usages. En effet, le bambou se déguste, sert à fabriquer des armes, des paniers et des abris. Ce n’est pas rien pour un seul matériau. Pour autant son utilisation dans la vannerie s’avère des plus exigeantes. Il faut ébrancher les tiges récoltées, les chauffer pour en extraire l’huile qu’elles contiennent, les débiter ensuite en lanières fines et parfois les couper selon un angle particulier. Un travail des plus laborieux donc.

Musée du quai Branly – Jacques Chirac. Vue de l’exposition “Fendre l’air, Art du bambou au Japon”. Du 27 novembre 2018 au 07 avril 2019.
Commissaire d’exposition : Stéphane Martin, président du musée du quai Branly – Jacques Chirac

Sabina Rotbart

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