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autophoto : la Fondation Cartier fait le lien entre deux grandes inventions de la Révolution Industrielle

autophoto : la Fondation Cartier fait le lien entre deux grandes inventions de la Révolution Industrielle

07 August 2017 | PAR Yaël Hirsch

Alors que le premier Kodak est contemporain des premiers pneus, à la Fondation Cartier, l’exposition autophoto, commissionnée par Xavier Barral et Philipe Séclier réussit le pari de faire l’histoire de deux évolutions parallèles. Une exposition riche de 450 clichés et mise en scène avec majesté par le studio Constance Guisset. A voir en pole position des expositions parisiennes ouvertes l’été, avant le 24 septembre 2017.
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La première chose qui frappe l’œil, 30 ans après la grande exposition dédiée par la Fondation Cartier c’est la richesse des collections exposées. Comme le sous-titre l’indique, tout commence en 1900 et les pionniers de la photographie se sont tous intéressés aux moteurs : le périphérique brumeux de Brassaï, les usines Renault de Doisneau ou les Américains au volant de Robert Franck sont les figures d’avant-garde d’une époque fascinée par les croisières Citroën et les progrès de la vitesse. Au volant ou nue, l’auto est un objet qui se personnifie très rapidement jusqu’à constituer un sujet de prédilection pour le portrait : élégantes chez Luciano Rigolini, foisonnantes chez Seydou Keita, la voiture est représentative de son temps et de la société qui roule avec : les émiratis d’aujourd’hui (Sory Mookherjee) et les Français de toujours (Raymond Depardon) font partie d’une humanité férue de volant. Mais la voiture déroule ses charmes dans la longueur, parcourant un paysage que la moitié est du rez-de-chaussée met magnifiquement en scène, avec des clichés plus ou moins abstraits (Ray Metzker), subjectifs (Lee Friedlander), objectifs (les circuits glacés de Edward Burtynsky) ou même utopiques (le projet rêvé de « nationale zéro » traversant l’UE de 2004 par le collectif Tendance Floue). Au sous-sol la quantité pléthorique des photos ne tarit pas avec d’un côté une très belle réflexion sur les vestiges des autos à travers des portraits délités de Sugimoto et des décharges revues à la lumière de l’objectif. Et d’un autre côté, une chaîne de montage où les clichés réfléchissent avec intensité à la place de la voiture dans nos sociétés. Les photos de familles avec quatre roues réalistes de Jürgen Teller côtoient les « car girls » de Jacqueline Hassink pour une vision marketing et miroir de nos sociétés où tout un chacun roule des mécaniques. Ne manquez donc pas autophoto, une exposition au propos original et aux clichés puissant, où l’on peut aussi bien voir un portrait en filigrane de l’art de la photographie qu’un exposé sur la place des bagnoles dans nos société…


Visuels : affiche de la Fondation Cartier

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