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Aix-en-Provence : Éblouissante collection Francis Solet à l’Hôtel de Gallifet

Aix-en-Provence : Éblouissante collection Francis Solet à l’Hôtel de Gallifet

12 July 2014 | PAR Yaël Hirsch

Dans le cadre idyllique du lieu culturel sculpté par Nicolas Mazet dans le bâtiment et le jardin 18ème de l’hôtel de Gallifet, les aixois ont a chance de découvrir cet été en exclusivité une des plus riches collections d’arte povera et d’art minimal : celle de Francis Solet. Un grand coup de cœur qui vaut vraiment le détour par Aix pour ceux et celles qui passent l’été en Provence.


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A deux pas de la cour Mirabeau et du musée Granet, niché dans la petite rue Cardinale, l’Hôtel de Gallifet est un havre de beauté et de sérénité : avec son large jardin où l’on déguste un thé glacé maison et où l’on peut se restaurer et chaque semaine écouter des concerts, son concept-store attenant vraiment ancré dans la création contemporaine, puisque tenu par la jeune marque “Your Art différent” et deux de ses étages entièrement repensés pour accueillir des expositions. Et celle qui est proposée en ce moment “L’énergie des matériaux : Arte Povera et Minimal Art” présente avec goût exhaustivité et simplicité les chefs d’œuvre- dignes des plus grands musées d’art contemporains – de la collection de Francis Solet.

On entre dans cette exposition par un coup à boire à la fois gigantesque et génial signé Yannis Kounellis. Non sans humour, mais avec un éclat qui rappelle les plus grandes heures du 18ème siècle, le maître grec a en effet installé des dizaines de verres à vodka à même le sol, avec au centre un masque et au fond, les bouteilles d’alcool. L’oeuvre date de 1988 et l’on est frappé par la manière dont le grand format magnificence se calfeutre avec grâce dans le lieu, jusqu’à créer une sorte de lien intime avec l’hôtel et avec le visiteur. Tout au long du parcours, ce dernier sera guide, non seulement par des cartels très clairs, mais aussi par des citations du collectionneur qui transmet avec grande pédagogie sa passion pour chaque oeuvre et leur importance dans l’histoire de l’art.

Dans la salle suivante, la nature lutte avec le métal, dans une sculpture monumentale de Mario Merz : Une ouvrée; artiste italien majeur qu’on retrouve également à l’arrière de ce rez-de chaussée, avec un grand tableau Linea, parfaitement ajusté. Enfin, dernière pièce de taille de cet étage, l’hommage à John Cage, Office Edit 1 de Bruce Nauman est exposé dans les conditions vidéos exactes dans lesquelles l’artiste américain l’avait imaginé.

En repassant par le paradisiaque jardin, on rejoint la suite de l’exposition au sous-sol où pas moins de trois œuvres majeures du plasticien minimal américain Carl André (actuellement à l’affiche de la prestigieuse Dia Foundation) sont exposées dans le foyer chaleureux que constitue la cave du lieu culturel et historique. Et l’on doit dire que les chemins d’aluminium et le puits de cèdre rouge résonnent bien avec le graph d’un street artiste, demeuré sur le mur blanc, d’une précédente exposition.

Outre la qualité incroyable des œuvres, le cadre de l’hôtel de Gallifet crée à la fois de la beauté, mais toujours à taille humaine et la manière dont Francis Solet et Nicolat Mazet ont pensé l’exposition permet à des œuvres qui peuvent parfois sembler froides ou difficile d’accès d’entrer en résonance et en connivence avec le public.

Un magnifique travail d’exposition, couronné par un catalogue complet, préfacé par Bernard Blistène.

Face aux oeuvres que réunit Francis Solet, me revient une pensée de Jean-Luc Godard. Dans un intense moment de réflexion et de mélancolie, Le cineaste génial et paradoxal d’un récent “Adieu au langage”, méditait: “Que veut l’art? Tout! Que peut l’art? Rien! Que fait l’art? Quelque chose!” Un aphorisme que sans doute ici, la collection de Francis Solet engage à partager“. Bernard Blistène.

visuels : yael hirsch

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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