
Stéphane Audran, un festin sur 50 ans de cinéma
Un regard froid et énigmatique, une allure et un charme de bourgeoise parisienne mélancolique et qui pourtant chantait « Moi j’aurai pu être une duchesse, je tapine rue St Denis ». A l’âge de 85, l’actrice et figure emblématique du cinéma des années 70, est décédée, à annoncé son fils Thomas Charbrol ce 27 Mars.
Par Clara Bismuth
Stéphane Audran ce sont de brefs débuts au théâtre puis une place au cinéma en 1957 dans Le jeu de la nuit aux cotés de Maurice Piallat. Les seconds rôles font alors suite mais le tournant décisif pour l’actrice c’est cette rencontre dans les années 60 avec le réalisateur Claude Chabrol sur le tournage des Bonnes Femmes. Comme pour Josef von Sternberg et Marlène Dietrich, le réalisateur tombe littéralement sous le charme de Stéphane. Il lui donnera ses plus beaux rôles, soulignera ses talents d’actrice et l’épousera en 1964. Pendant plus de dix ans, Stéphane Audran marque le cinéma des années 60 avec des films comme Landru (1963), Le Scandale (1967), Les Biches (1968) ou encore Le Boucher (1970). Chabrol, au delà de ses compétences, lui offre des partenaires de jeu inouïs. Femme infidèle de Michel Bouquet, maîtresse de Michel Piccoli dans Les Noces rouges, et surtout souvent complice d’affaires criminelles avec Charles Denner, Jean Yanne et Maurice Ronet. Aucun doute, Stéphane Audran est l’une des figures féminines les plus emblématiques de la Nouvelle Vague.
Puis c’est une longue carrière qui s’est offerte à elle aux cotés de Luis Buñuel, Georges Lautner, Bertrand Tavernier et même Jean Pierre Mocky. En cinquante années de travail, on ne relève presque pas de temps mort dans son parcours et pour cause Stéphane Audran fait partie de ces rares actrices qui ont su évoluer avec leurs rôles au fil des années. Toujours distante et intimidante à l’écran, elle instaure en permanence un jeu de séduction que le spectateur ne peut combattre. Et bien qu’elle n’ait pas joué au cinéma ces quelques dernières années, rappelons que Stephane Audran c’est tout de même un César de la Meilleure actrice dans un second rôle pour Violette Nozière, un Ours d’Argent pour Les biches puis nominée pour le Boucher et Le Festin de Babette.
Pas surprenant alors si ARTE décide de bouleverser sa programmation en proposant La Femme Infidèle à 20H55 suivit du Festin de Babette à 22H30, ce dernier oscarisé comme meilleur film en langue étrangère en 1988.
Visuel : Le charme discret de la bourgeoisie, capture d’écran