
Le festival de l’histoire de l’art de Fontainebleau : une clôture dans l’inquiétude
Alors que la troisième édition du festival de Fontainebleau s’achève, l’humeur n’est pas à la fête parmi les professionnels du domaine, qui s’inquiètent de son statisme en France.
Créé il y a trois ans, ce festival de l’histoire de l’art a pour but de réunir les professionnels de la discipline, qu’il s’agisse des conservateurs, universitaires, marchands d’art ou éditeurs ainsi qu’un large public d’amateurs et de collectionneurs, autour de manifestations festives et de qualité scientifique.
Cette troisième édition s’est déroulée autour du thème de l’éphémère. “La dialectique de l’éphémère est au cœur des œuvres d’art, parce qu’elles semblent éternelles mais sont d’une fragilité extrême nécessitant des moyens de conservation spécifiques” comme nous l’explique Aurélie Filippetti, Ministre de la Culture et de la Communication présente lors de l’inauguration. La Ministre se flatte également du choix du Royaume-Uni comme invité d’honneur, qui succède à l’Italie et à l’Allemagne. “Le Royaume-Uni se distingue par une très riche école de l’histoire de l’art, par des universitaires parmi les meilleurs du monde qui ont étudié toutes les époques et toutes les régions du monde” une occasion d’interroger, ajoute-t-elle, “la manière dont ce pays par son système universitaire permet aux étudiants en histoire de l’art de ne pas être considérée comme une sous branche de l’histoire.”
La ministre a profité de sa visite pour distinguer trois figures majeures de l’histoire de l’art, l’historienne britannique Jennifer Montagu, qui travailla sous Ernst Gombrich, et consacra l’essentiel de sa carrière à Charles Lebrun, et à la sculpture baroque romaine, avant d’occuper la plus ancienne chaire de l’histoire de l’art en Angleterre. Cette francophile avérée, qui décrit non sans humour ses premiers déboires avec la langue de Molière, est ainsi faite Commandeur des Arts et des Lettres, suivie par son compatriote, le cinéaste, peintre et plasticien, Peter Greenaway dont l’oeuvre sélectionnée a de nombreuses reprises à Cannes se distingue par la recherche d’une esthétique propre, toute entière dévouée à l’image, dans un septième art qu’il considère “prisonnier du texte”. Pour l’artiste plasticien suisse Daniel Spoerri, instigateur du “Eat Art” , une technique qui vient élever la nourriture et les pratiques alimentaires au rang d’œuvres d’art, également décoré, ce titre vient s’ajouter à un palmarès qui compte entre autres, comme il le rappelle à l’assistance non sans humour, un insecte de cinq millimètres découvert dans les forêts vierges du Nepal, nommé d’après lui.
Le parcours à travers les pièces du château est ponctué de prestations des comédiens du Musée Vivant de Robert Cantarella, qui racontent des œuvres d’art, à travers des textes inédits commandés à des auteurs contemporains. Un moment de poésie, d’éphémère au gré des mots qui s’échappent, des tableaux inexorablement suspendus au temps.
Visuel: (c) photos prises durant le reportage