
Décès de l’humaniste Tzvetan Todorov
Tzvetan Todorov est mort le 1er février à Paris. Il était né le 1er mars 1939 à Sofia. Intellectuel aux multiples casquettes, il fut historien des idées, essayiste, critique littéraire, sémiologue et philosophe. Il aura consacré sa vie à dénnoncer les populismes et les totalitarismes.
Pour Audrey Azoulay, “Tzvetan Todorov était un insoumis. Théoricien de la littérature, il a renouvelé l’analyse du récit et sa distinction entre le fantastique et le merveilleux était un objet d’étude pour les étudiants en Lettres du monde entier. Ses recherches sur le langage et ses analyses de Potocki, Nerval, Gautier ou Villiers de L’Isle-Adam étaient reconnues au plan international. Penseur de la démocratie, dénonçant les dangers qui la menace, en particulier le populisme, il a fait l’éloge de l’altérité.”
Il laisse derrière lui de nombreux ouvrages qui témoignent de son regard pointu sur le monde en dérive. Il publiait en 2012 Les Ennemis intimes de la démocratie chez Robert Laffont et en 2015, également chez Laffond, Insoumis. Universitaire reconnu il a dirigé le Centre de recherches sur les arts et le langage (CNRS-EHESS). Il aura lutté pour la diffusion de la poétique contemporaine, en fondant en 1970 la Revue Poétique en compagnie de Gérard Genette.
La mémoire, l’altérité sont autant de questions que Tzvetan Todorov a soulevé, répondant toujours par la démocratie comme seul outil possible contre les extrêmes. Il fut président de l’Association Germaine Tillion et aura partagé pendant trente-trois ans la vie de Nancy Huston. Il était l’invité d’ Eva Bester en septembre et s’était prêté au jeu de répondre à la question : “Quels sont vos remedes à la mélancolie”. Il avait 77 ans.
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