
Décès de Jean-Louis Martinoty
Le 27 janvier, soit deux jours après le décès de Denise Duval, dernière grande muse encore vivante, c’est l’écrivain, essayiste et metteur en scène Jean-Louis Martinoty qui nous quittait après une opération du cœur à Neuilly-sur-Seine.
Né le 20 janvier 1946 à Estampes (en Essonne) fait des études de Lettres Classiques et de violoncelle avant de se consacrer à l’écriture d’essais et de roman. Nous lui devons par exemple Voyages à l’intérieur de l’opéra baroque : De Monteverdi à Mozart (voir sur Amazon) et L’Opéra imaginaire (voir sur Amazon).
Il découvre l’opéra lors d’une collaboration avec Jean-Pierre Ponnelle et se lance à son tour dans la mise en scène. Il fait alors ses débuts à Strasbourg avec Le Songe d’une nuit d’été de Britten et La Périchole d’Offenbach en 1975.
C’est alors le début d’une longue carrière ponctuée de mises en scène d’opéra baroques, comme Ercole amante de Cavalli monté à l’Opéra de Lyon en 1979, repris au Châtelet en 1981, Les Boréades de Rameau au Festival d’Aix-en-Provence au côté de John Eliot Gardiner, Tamerlano de Haendel au Badisches Staatstheater Karlsruhe (en Allemagne) en 1993, ou encore Thésée de Lully au TCE en 2008. Il ne se cantonne cependant pas au baroque, loin de là, comme avec Carmen en 2003, Pelléas et Mélisande en 2007, Macbeth de Verdi en 2012, etc… Il parcourt ainsi les scènes de France mais travaille aussi à l’étranger (Londres, Bonn, Berlin,…). Certaines de ses mises en scène reçoivent le Grand Prix de la Critique, tels que Le Couronnement de Poppée de Monteverdi avec Jean-Claude Malgoire, David et Jonathas de Charpentier avec Michel Corboz ou bien ses Noces de Figaro au TCE en 2001, reprises en 2004, 2005 et 2009. Mozart l’a d’ailleurs beaucoup inspiré et il retrouve le compositeur pour Don Giovanni, La Flûte enchantée, La Clémence de Titus ou encore Idoménée. Son Faust à Bastille en 2011 a quant à lui fortement été décrié (ce qui n’en a pas empêché la projection en salle).
Toutefois, loin d’être enfermé dans le monde de l’opéra, il met aussi en scène en 2002 la comédie musicale Le Petit Prince dont les chansons sont écrite par Richard Cocciante et avec Daniel Lavoie (voir ici).
Parallèlement à cette carrière de metteur en scène et d’écrivain, il est nommé administrateur de l’Opéra de Paris en 1886 et le restera jusqu’en 1989 ; il profite de cette période pour faire entrer le répertoire contemporain dans cette maison française avec Faust de Busoni ainsi que Le Maître et Marguerite de York Höller.
N’hésitez donc pas à retrouver Jean-Louis Martinoty pour une dernière conversation sur ODB-Opéra, ce « passionné du sens » qui avait pour « objectif d’informer et de séduire, aussi bien celui qui découvre l’œuvre, en restant parfaitement lisible, que celui qui en connaît toutes les arcanes, en lui apportant des éléments nouveaux de réflexion. Celui qui croît connaître les œuvres parce qu’il les a souvent vues sans même connaître le détail du livret n’est pas souvent mon ami… »
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