
Traditions, puissance et identité dans le programme B de la Belle scène Saine Denis
Ce matin, 16 juillet, la belle scène saint-denis présentait son dernier programme de ce festival dans le festival. Impromptu d’ Olga Dukhovnaya, verTigem de Paulo Azevedo, et la bombe de cette matinée, Je badine avec l’amour (parce que tous les hommes sont si imparfaits et si affreux) (travail en cours) de Sylvain Riéjou.
Impromptu d’ Olga Dukhovnaya est une toute première étape de travail de sa prochaine création, Hopak. Aujourd’hui, il s’agit d’un dialogue autour du martèlement folklorique entre la danseuse et un accordéoniste, Éric Allard-Jacquin. Tout vient du pied qui, chaussé de cuir, tape le sol. Le mouvement remonte dans les hanches jusqu’à atteindre le buste, pour le relâcher, et voir les bras prendre du repos. L’accordéoniste évolue vers des boucles jazz et s’amuse même, dans la chaleur de la Parenthèse, à reprendre sur le pont d’Avignon à domicile.
La seconde proposition martèle tout autant. Il s’agit d’une pièce présentée dans son intégralité, verTigem . Elle est signée de Paulo Azevedo qui a fortement marqué l’histoire de la danse hip-hop, au sein du groupe Membros. Un duo super physique déboule sur scène dans un geste fort : ils courent, ils se jettent et repartent en course arrière. Toute la pièce déploie des soulèvements et des vrilles break sur la tête qui impressionnent. Lucas “Zina” Nunes et Pedro Henrique Brum se jettent dos le premier sur le plateau de la belle scène comme si c’était un trampoline dans un geste qui éblouit, mais qui reste au niveau de la démonstration.
Mais c’est indéniablement la proposition de Sylvain Riéjou, Je badine avec l’amour (parce que tous les hommes sont si imparfaits et si affreux) qui remporte notre adhésion. L’année dernière, dans ce même lieu Joachim Maudet nous avait enchantés avec son numéro de ventriloquie chorégraphique, Welcome. Ici, nous sommes dans la comédie chorégraphique, où la voix est omniprésente, en direct et en lip sync.
Avec un humour fou et une immense intelligence, Sylvain Riéjou s’empare de son film culte, Dirty Dancing, pour raconter comment, adolescent, cela lui a fait prendre conscience de son homosexualité. Le 13 juillet, lors de la présentation du festival jeune public Playground, Sylvain Riéjou, le danseur, avait raconté comment un lycéen l’avait traité de “pd”, lors d’un spectacle dans l’établissement. Depuis, il essaie de comprendre et transmettre son identité pour que d’autres adolescents puissent se reconnaître et se dire qu’ils ne sont pas seuls à préférer Johnny à Baby dans Dirty Dancing.
Accompagné de Julien Gallée-Ferré, Clémence Galliard et Émilie Cornillot, le quatuor, sous couvert de légèreté kitsch, délivre une histoire de la danse des années 90 à aujourd’hui. Riéjou offre une leçon de chanson de geste, le rébus chorégraphique inventé par Daniel Larrieu, sur Nathalie de Gilbert Bécaud. Génial. On a hâte de voir la création en novembre au Pavillon Romainville la saison prochaine !
À La belle scène saint-denis, du 16 au 20 juillet 2023 à 10H
Visuel :©Jef Rabillon