
Avignon OFF : il faudra que tu m’aimes le jour où j’aimerai pour la première fois sans toi
Alexandra Cismondi a écrit une pièce contemporaine sur les impasses du vivre ensemble au temps des nouvelles croyances et des nouvelles peurs.
Une fiction inquiète.
La pièce est un conte absurde, poétique et déjantée qui croit à un monde en pleine crise d’adolescence. Au sein d’une famille dysfonctionnelle, c’est l’anniversaire de Lo. Une bougie brûle sur un gâteau, mais les Tardi Muller retiennent leur souffle. Une catastrophe a eu lieu. Un drame. Alors la scène se rejoue, se distord et nous entraîne dans un monde où chacun doute, un monde incertain, grotesque et fabuleux qui glisse du rire aux larmes à un rythme effréné. Comment élever des ados qui veulent tout changer et comment ces mêmes ados pourront changer le monde et apprendre à aimer.
Un monde inquiet
La scénographie faussement désordonnée, la mise en scène pleine de brillantes ruptures et les interprétations foisonnantes construisent un monde inquiet qui ne cesse de se ruminer en boucle. Alexandra Cismondi a un talent fou, elle surprend. La pièce est une réussite, car elle émerveille autant qu’elle secoue. La chute est terrible. Le 21e siècle est définitivement paranoïaque. La dramaturge elle-même a contourné les peurs françaises (Charlie, Bataclan, Hyper Cacher ou encore Samuel Paty) pour les remplacer par des cauchemars d’importations (une fusillade en milieu scolaire aux États-Unis). Elle a préféré ne pas nommer. Son déni nous préserve peut-être du pire. Reste une intelligente réflexion sur ce qui circule entre les générations. Reste aussi un optimisme qui a retiré le S à j‘aimerai pour la première fois et qui nous accompagne après les applaudissements.
IL FAUDRA QUE TU M’AIMES
Le jour où j’aimerai pour la première fois sans toi
Création 22/23
Avec Anne-Élodie Sorlin, Lou Chauvain, Christophe Paou et Alexandra Cismondi.
Visuel Affiche